Magazine Journal intime

Chronique d’une mort à tancer.

Publié le 24 novembre 2009 par Polge7

La France est en transe, Paris endeuille son mai, Toulouse a le blues. Le petit taureau s’est envolé, Big Mama nous l’a volé.

Quand il entrait sur scène, comme un boxeur qui aimait la castagne ; il balançait ses poings sans boules de cuir, il faisait swinguer ses doigts, il rythmait ses mots comme on découpe au couteau les rimes façon jambon d’York.

Depuis l’annonce de sa disparition, de sa mutation, je n’ose prononcer le mot fatidique car un poète ne doit pas le connaître, il pleut. La pluie a réussi, en son honneur, à faire des claquettes. Sur l’écran noir de mes nuits blanches, il m’a appris à danser sur lui, à oublier Sing Sing juste l’instant d’une bad song.

Il était l’enfant phare de toute une génération et sa fanfare jouait pour moi, pour nous et autant pour le jazz et la java, pour lesquels il partageait en frère ses pieds et ses mains.

Ses mains, ces mains qui rythmaient toute son âme. Ses mains qui battaient la mesure sans retenue. Ces mains qu’il aimait voir dans la farine, surtout si celles-ci appartenaient à des femmes portant des bas et donnant des hauts le cœur, Cécile, ma fille !

Elle voulait un enfant et ce fut toi, il voulait en engendrer d’autres et ce fut toi : poésie. Poésie des mots essentiels, rythme des maux universels, beat d’un cœur gros comme ça. Pour l’amoureux de musiques syncopées, il n’eut pas droit, même si son cœur était tendre, à la syncope. Un banal et vulgaire crabe l’a emporté et depuis tout le monde se pince. Ce n’est pas possible, Claude ne nous a pas abandonné. Il aurait eu la bonté de nous envoyer une bouteille à la mer, un hymne à la vie, une symphonie à l’amour. Mais non, ce sorcier nous a laissé à bout de souffle pour broyer le rouge et le noir.

Alors, serre-moi la main camarade, va rejoindre tes anges aux plumes légères ! Va blottir ton corps robuste, au-delà des bidonvilles, sur le frêle nuage où tu retrouveras tes frères, Armstrong et bien d’autres ! Et là, tu verras, tu verras, comme tu le chantais, comme tu nous enchantais, que noirs et blancs sont ressemblants comme deux gouttes d’eau.


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