La musique me prend dans ses vagues
ses grandes vagues océanes
et m’emporte dans une gerbe d’écumes
aux portes de l’univers
aux confins de moi-même.
Elle m’emporte au pays des songes et des brumes
dans ces embruns laiteux où brille une étoile morte.
Je suis un grand voilier emporté par le vent,
je fends une mer de notes,
j’affronte des récifs,
je glisse au creux des flots…
Dans les mers boréales s’est noyé le cygne de Sibelius
alors que sous les tropiques,
Paul Gauguin n’en finit plus de peindre des femmes lascives,
couchées sur des plages d’infini.
Dans le vent des tempêtes
j’entends une symphonie de Debussy
tandis que claquent les voiles du grand mat d’artimon.
Puis la nuit est venue,
la grande nuit des commencements du monde.
Le vaisseau souffre, gémit
et se tord au-dessus des gouffres profonds.
La mort n’est pas loin.
Une corde de violon s’est brisée dans un cri.
Ce n’est qu’une mouette qui lutte avec elle-même.
Elle s’est posée là-haut dans les haubans
où elle a trouvé un refuge
et jouit du grand calme enfin revenu.
La mer n’est plus qu’un miroir démesuré
où se réfléchit le monde.
La mer est un miroir
où mon image s’est perdue.
La belle musique est morte,
vaincue par le silence
et quand se tait la dernière note,
il ne reste plus que mon désespoir
et l’éternel silence.