Quand je pense à un chat, je pense à une boule, à une boule de poils, à une boule de chaleur. Quand je pense à ça, je pense à moi, les poils en moins fourni, et la boule d’un autre gabarit.
Je me vois rouler dans l’espace, dans un charivari délirant où des chats de gouttière, dans une démarche chaloupée, chantent une sérénade, chahutant ça et là des dormeurs contrariés.
Je me vois courir au devant de chattes, à la recherche de chaleur, à la recherche d’un toit, d’un moi tout différent d’elles. Je cours, je danse le cha cha cha, bien sûr, je chahute les chattes sans chaperon et je leur déclame ma flamme par chapitres entiers : elles aiment ça.
Libre, indépendant, fougueux, téméraire, chafouin, je me prends au jeu et elles aussi. Elles sont faîtes comme des rates, les pauvres chattes. Ma chaleur les attise, ma chaleur les hypnotise, ma chaleur les apprivoise. De sauvages, elles deviennent minettes, de fugueuses, elles deviennent fougueuses. Nos chants amoureux réveillent à nouveau les dormeurs ; mais nous, on a si chaud que c’est bon d’être comme chats.