UNE BRANCHE DE BOIS VERT
Une branche de bois vert, flexible, rebelle
aux coups de martinet de la pluie,
de la grêle,
ploie sans rompre
en rejetant sa propre sève : flux
dispersé aux quatre vents.
Un crachat d'étincelles, un feu
d'artifices funèbre.
Quand la branche ploie et rompt
chute ma tête
de plusieurs dizaines de mètres.
À genoux, fouillant la terre de mes dix doigts,
je tente de me remodeler un crâne,
un visage –
une touffe d'herbes brunes pour cheveux,
des petits cailloux ronds et blancs à la place
de mes dents (un espoir sans canines)
et puisqu'il nous faut une langue pour parler -
une langue.
*
Voit-on rouler ma tête
de plus en plus vite sur l'asphalte brûlant,
de plus en plus vite au milieu des hangars,
dans la poussière, le sable,
me voit-on
courir
après ma tête qui roule
jusqu'au bord du précipice
et m'y jeter
comme une bête traquée,
un enfant trop confiant ?
Ophélie Jaësan
D.R. Texte (extrait de l’ensemble inédit Là où l'infini trouve son lieu)
Ophélie Jaësan /Terres de femmes
OPHÉLIE JAËSAN

Image, G.AdC
Voir aussi :
- le site d'Ophélie Jaësan ;
- (sur Terres de femmes) Ophélie Jaësan, Le Pouvoir des écorces (note de lecture).
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