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Ophélie Jaësan/Une branche de bois vert

Publié le 24 novembre 2009 par Angèle Paoli
Printemps des poètes 2010 – « Couleur femme » (15)


Précipice 2
Ph., G.AdC


UNE BRANCHE DE BOIS VERT

Une branche de bois vert, flexible, rebelle
aux coups de martinet de la pluie,
de la grêle,

ploie sans rompre

en rejetant sa propre sève : flux
dispersé aux quatre vents.

Un crachat d'étincelles, un feu
d'artifices funèbre.

Quand la branche ploie et rompt
chute ma tête

de plusieurs dizaines de mètres.

À genoux, fouillant la terre de mes dix doigts,
je tente de me remodeler un crâne,
un visage –

une touffe d'herbes brunes pour cheveux,
des petits cailloux ronds et blancs à la place
de mes dents (un espoir sans canines)
et puisqu'il nous faut une langue pour parler -
une langue.

                                       *

Voit-on rouler ma tête
de plus en plus vite sur l'asphalte brûlant,
de plus en plus vite au milieu des hangars,
dans la poussière, le sable,

me voit-on

courir

après ma tête qui roule
jusqu'au bord du précipice

et m'y jeter

comme une bête traquée,
un enfant trop confiant ?

Ophélie Jaësan
D.R. Texte (extrait de l’ensemble inédit Là où l'infini trouve son lieu)
Ophélie Jaësan /Terres de femmes



OPHÉLIE JAËSAN

Portrait de Ophelie Jaesan

Image, G.AdC

Voir aussi :
- le site d'Ophélie Jaësan ;
- (sur Terres de femmes) Ophélie Jaësan, Le Pouvoir des écorces (note de lecture).



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