Est-il possible d’attendre jusqu’à l’âge de vingt-et-un ans pour apprendre que sa « sœur » est sa mère ? d’être fasciné par les yeux d’une Elsa et par ceux de beaux jeunes gens ? Oui, c’est possible : Louis Aragon. Est-il possible de promouvoir avec André Breton la «révolution surréaliste » et d’orchestrer magistralement l’alexandrin classique ? Oui, c’est possible : Louis Aragon. Est-il possible de suivre le Parti communiste français dans ses courages comme dans ses pires errements, tout en demeurant l’un des grands poètes du siècle dernier ? Oui, c’est possible : Aragon. Bref, est-ce qu’on peut être contradictoire et vrai ? dire profond et parler simple ? chanter savant et populaire ? patriote et universel ? Oui, c’est possible. La preuve, parmi tant de poèmes d’Aragon, le si fameux hommage posthume aux vingt-trois du groupe Manouchian fusillés par les Allemands le 19 février 1944.
Louis Aragon, Strophes pour se souvenir, Le Roman inachevé,1956
Arion