Le temps médiocre, les maladies qui couvent, les jours qui n’en finissent pas de raccourcir. Je ne vais pas voler, je ne vais pas faire de photos, je crois même que je ne vais pas écrire. Il fait froid ce midi dans ce restaurant où nous avons fini par être habitués, et je suis pendu à ses lèvres. La première chose que je ferai si je gagne au loto, c’est de fuir l’Europe entre septembre et janvier. Je reviendrai quand les trottoirs de Paris seront couverts de blanc, que les gamins se lanceront des boules de neiges dans la tête en riant. Parce que l’automne timide ne fait rire personne. Le deuil de l’été n’est pas consommé que déjà Noël frappe à la porte. Noël me colle un blues insondable. Il y a bien ces souvenirs de marcher dans le froid, couvert jusqu’à la tête, ces lumières et ces musiques qui me font flotter. Mais au-delà, rien de me réchauffe. Que tout ceci passe vite par pitié.
Je ne suis pas du genre à m’attarder sur ces histoires impossibles. Je ne suis pas du genre à souffler sur la braise pour qu’elle me brûle un peu plus. Non moi, je suis du genre à vivre. A tenter peut-être l’impossible, mais à me battre pour être heureux. Et je n’ai jamais été aussi vivant qu’à ses cotés. Qu’elle se sente belle dans mes yeux, qu’elle se sente désirée sous mes caresses, la possibilité de son sourire à jamais, ou le simple fait de la voir se réveiller à mes côtés, voila ce qui me tient en vie.
Cet automne est curieux. On n’a jamais été pote lui et moi. Et cette année, il me fatigue plus que les précédentes. Laisse donc la place à l’hiver, que ces cirrus dégueulasses se barrent et nous laissent un ciel bleu pur !
Et bien couverts, le cœur au chaud, on saura s’aimer en silence. Je veux un hiver plus aimé encore que cet automne.