Finalement la sentence est tombée. Je pars à une centaine de kilomètres de chez moi pour enseigner. C’est loin d’être la ville côtière que j’ai choisi, mais c’est toujours mieux que rien. On va dire que je pars pour une mission humanitaire, pour aider ces enfants, leur donner de l’espoir, leur apprendre la vie. Enfin c’est tout le blabla que j’essaye de me raconter pour me remonter le moral.
Dès l'annonce de la nouvelle, j’ai reçu une bonne dizaine d’appels. Certains étaient taquins, d’autres étaient désolés pour moi (comme si c’était la fin du monde), d’autres encore me félicitaient pour cette affectation qui fera mon bonheur selon leurs dires, et finalement y’a eu lui. Notre histoire n’a été que des « je t’aime, moi non plus ». Un jour au beau fixe, et une dizaine d’autres au plus bas. Je me suis sentie toute retournée en le lui annonçant :
« Demain je pars à X. »
Je m’attendais à un « bon courage », un « bonne chance ». Mais pas besoin de vous dire qu’il était encore plus ému que moi.
« Tu pars ? Aussi loin ? Comment on va faire ? »
Et dire que maintenant on était supposés être tout proches l’un de l’autre. On s’était assagis tous les deux. Une nouvelle étape se dessinait devant nous. Les weekends seraient-ils suffisants pour raviver des sentiments qu’aucun de nous n’ose avouer ? Apparemment, ce sera le retour à la case départ. Pourtant, après deux ans de «relation» tumultueuse, j’étais prête à franchir ce pas, prête à être avec lui, à m’ouvrir à lui ; mais maintenant…
Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. C’est une nouvelle vie qui commence pour moi. Est-ce qu’on se quitte pour mieux se retrouver encore une fois ? Ne serait-il pas trop tard la prochaine fois ? Je dois accepter ce sacrifice si je veux avancer, j’ai choisi d’avoir cette vie (à vrai dire j’avais pas vraiment le choix) mais alors je prie pour que cette peine que je ressens ne soit que passagère.