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À tous les prêtres

Publié le 25 novembre 2009 par Fbruno
À tous les prêtres

Henri Grialou, Père Marie Eugène de l'Enfant Jésus (1894 – 1967)

En septembre 1919, à 25 ans, Henri Grialou s'interroge sur son avenir. La guerre a été pour lui une école de vie qui l'a préparé à rencontrer des hommes de tous les milieux et à comprendre bien des souffrances. Intelligent, ayant le sens des responsabilités, des propositions intéressantes de situation lui sont faites. Mais, dira-t-il plus tard, “ j'ai opté pour le prêtre à fond, sans regarder. ” Et il rejoint le grand séminaire de Rodez.

Très tôt, il a été attiré par le sacerdoce. Vers l'âge de neuf ans, quand il passait près de l'église du Gua, sa commune natale de l'Aveyron, il se disait : “ Plus tard, je serai prêtre. ” Malgré les difficultés financières de sa famille, il entre au petit séminaire de Villefranche-de-Rouergue. Avec un ami, il s'interroge sur sa vocation : “Tu voudrais savoir par où et par quels moyens, je contribuerai à l'extension du règne de Jésus-Christ. Cette question, je me la pose bien souvent mais je ne l'ai pas encore résolu. J'irai au séminaire et après, à la volonté de Dieu. Il saura bien me manifester sa volonté quand il lui plaira. ”

Ordonné prêtre le 4 février 1922, il s'écrie le soir même “ Je suis prêtre ! Ce seul mot suffit à mon bonheur ! ”

Père MArie Eugène de l'Enfant JésusPeu avant son ordination, il avait reçu un appel intérieur très fort pour entrer au Carmel. Après un temps de formation dans le silence du noviciat, il commence une intense activité apostolique : conférences ou homélies, notamment à l'occasion de la béatification de Thérèse de l'Enfant Jésus ou du doctorat de Jean de la Croix ; direction de la revue “ Carmel ”… Il se sent appelé à une mission au service de la rencontre de chacun avec le Dieu vivant. C'est en se laissant faire par l'Esprit Saint que celui-ci lui fera connaître cette mission. “Ma mission est théologale, je suis fait pour conduire les âmes à Dieu ” Après la rencontre de trois jeunes femmes professeurs à Marseille, il fondera avec elles l'Institut Notre-Dame de Vie, du nom d'un sanctuaire situé à Venasque, dans le diocèse d'Avignon. Ses membres sont appelés, dans leur milieu de vie, à témoigner spécialement de la vocation de tout chrétien à être uni à Dieu et à se laisser conduire par lui pour construire l'Eglise.

Malgré les diverses responsabilités, parfois importantes, qui lui sont confiés dans son Ordre, il poursuit sa vie de carme avec, en particulier, ses 2 heures d'oraison quotidienne. Il ne diminue pas son temps de prière malgré les multiples demandes. “ Après un long vol de nuit, à l'arrivée, il disait d'abord la messe et faisait oraison. Bientôt il était au cœur des affaires et à la disposition de ceux qui désiraient le voir. ”

Prêtre, il est animé par le désir de rejoindre les hommes ses frères, pour leur donner la joie d'instaurer une relation vivante avec Dieu, seule source de plénitude. Il enseigne inlassablement l'efficacité de la vertu de foi (je “ touche ” Dieu à chaque acte de foi que je fais, et Dieu se donne) ; il revient sans cesse sur les bases de la vie de prière pour que ses auditoires s'engagent dans la vie d'oraison où, disait-il, Dieu éprouve de la joie à se communiquer, à la mesure de notre foi.

Son maître livre “Je veux voir Dieu” est bien l'œuvre d'un éducateur de la foi. Il prêche de nombreuses retraites aux prêtres. Un de ses grands désirs est de former les prêtres pour qu'ils donnent la science de la vie théologale : enseigner à tous comment entrer dans l'intimité de Dieu et se livrer à l'action de l'Esprit Saint dans le quotidien.

À la fin de sa vie, alors que la maladie ne lui permettra plus de célébrer, il répètera : “ je suis fait pour cela, pour dire la messe… ”

“ Je suis prêtre !… Jésus, vous m'avez identifié à vous… ”

C'est ce que bien des témoins ont retrouvé chez le père Marie Eugène. En voyant chez lui “le prêtre”, ils découvraient quelque chose de Jésus.

Manuscrit Père Marie Eugène
- Le soir de son ordination, 4 février 1922, l'abbé Henri Grialou, futur Père Marie Eugène de l'Enfant Jésus, prononce cette méditation au séminaire :

“ Je suis prêtre, prêtre pour l'éternité… Ce matin le pontife a imposé les mains, il a consacré mes mains et vous êtes, ô Jésus, souverain prêtre, vous m'avez pris et élevé jusqu'à vous, vous m'avez identifié à vous-même en me donnant les pouvoirs de votre Sacerdoce. Demain je prononcerai la formule sacramentelle et à ma voix vous viendrez, vous, je vous tiendrai dans mes mains, je vous donnerai, Jésus… vous êtes venu, et j'adore, mon Dieu, je crois ; je crois à mon sacerdoce, à ces réalités sublimes, parce que je crois à votre trop grand amour, à votre infinie miséricorde. J'adore votre action mystérieuse, Jésus souverain Prêtre, vivant, identifié à ma personne, et devant les obscurités de ce mystère plus belles que toutes nos lumières je vous offre d'abord la louange silencieuse de ce saisissement et de cette paix profonde dont vous m'avez rempli. Je prendrai donc ce calice du salut et je vous offrirai une victime de louange pour vous dire mes actions de grâces. Je vous prendrai vous-même ô Jésus victime pure et sainte, et je vous offrirai à mon tour au ciel à la terre pour que vous publiiez vous-mêmes ma reconnaissance. Vous voulez m'associer à votre sacrifice. Vous voulez que je sois moi-même une hostie. Je m'offre à vous pour tout ce que vous voudrez, pour la paix, la joie comme pour l'obscurité et la souffrance. Mais apprenez-moi à être victime comme vous …, souple à tout vouloir divin, silencieux et joyeux si possible. et puisque ma prière doit vous être témoignage de ma reconnaissance, je la fais monter vers vous, puissante de toute l'autorité de mon sacerdoce, ardente, universelle. Que ce jour de mon sacerdoce soit une fête pour toutes les âmes, qu'il apporte au ciel une augmentation de gloire, le soulagement au purgatoire et un peu de votre amour à tous les hommes. Et vous O Marie, je ne puis vous oublier, mais que vous offrirai-je ? Je vous dois tout puisque c'est vous qui m'avez conduit et fait ce que je suis. Je vous donnerai donc tout, spécialement mon cœur avec la joie dont il est rempli. Contemplez votre œuvre. Mon bonheur suffit aujourd'hui à votre bonheur puisque vous êtes ma mère et que prêtre, je veux plus que jamais rester votre enfant.”

À tous les prêtres

Le Christ Jésus, inaugurant sa vie publique par le baptême de Jean-Baptiste, a reçu immédiatement l'Esprit Saint. Le Christ Jésus, ayant conféré à ses apôtres le sacerdoce et leur mission, leur a recommandé instamment de ne pas quitter Jérusalem pour les exercer avant d'avoir reçu l'Esprit Saint. Le Saint Esprit, descendant sur les apôtres le jour de la Pentecôte, devient l'âme de l'Eglise et l'âme de nos âmes. L'apôtre Paul, transformé par sa conversion sur le chemin de Damas, est parti trois ans au désert pour réaliser sa grâce et accorder son âme à l'esprit nouveau qu'il avait reçu. Tout prêtre, avant ou après avoir reçu son sacerdoce, a besoin de faire une période de solitude pour réaliser la présence vivante et agissante de l' Esprit Saint dans l'Eglise et dans son âme et pour apprendre à accorder, dans la docilité, son action à celle de l' Esprit Saint. Il doit ensuite prendre toutes dispositions pour parfaire cette docilité.

Texte dicté par le père Marie Eugène de l'enfant Jésus le 20 février 1965, le jour où, très malade, il crut mourir.


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