Scott Borgman, séminariste du diocèse de Toulon, raconte son parcours, de Hollywood (Californie) à l'Université de la Sainte Croix à Rome.
Scott, vous êtes né aux Etats-Unis, comment se fait-il que vous soyez séminariste pour le diocèse de Toulon ?
Une des personnes clés dans ma conversion est un prêtre rencontré lors d'un voyage en France : Dominique Rey, évêque de ce diocèse. Je me souviens que, lors de ma première communion, j'avais si faim de l'Eucharistie que je mordis les doigts de Mgr Rey qui m'apportait l'hostie. Il en sourit encore ! Mgr Rey me proposa peu de temps après de venir passer une année dans son séminaire. Son invitation m'a rempli de merveilles, me laissant entrevoir la possibilité du sacerdoce. Puis je partis à Rome vivre au cœur de l'Eglise et étudier la philosophie en vue de la théologie.
C'est à Rome que vous avez connu l'Université de la Sainte-Croix ?
En effet, deux ans plus tard, Mgr Rey m'envoya au Collège International « Sedes Sapientiae » à Rome. C'est une maison de formation pour séminaristes dirigée par les pères de l'Opus Dei, au sein de l'Université pontificale de la Sainte-Croix. Quelle grâce pour moi ! La vie au cœur de l'Eglise nous donne une vue unique de la vie catholique. Par exemple, le séminaire de « Sedes Sapientiae » où je vis, abrite 85 séminaristes originaires de 32 pays et de 63 diocèses. Cette diversité témoigne de la vraie universalité de l'Eglise !
Qu'est-ce qui vous a le plus frappé dans la formation que vous avez reçu ?
Il est une citation que nous entendons souvent à la Sainte-Croix : « L'Eglise a besoin de prêtres saints ». La sainteté est l'appel de Dieu sur chaque chrétien et encore plus sur les prêtres, pasteurs des brebis du Christ. Le prêtre doit être un homme de prière profonde ; il doit également être très aimable, exprimant les qualités les plus fines de la personne humaine. Il doit savoir transmettre par sa vie entière les raisons pour lesquelles le Christ est mort et ressuscité.
Votre parcours n'est pas banal, quelles sont les étapes qui vous ont marqué ?
Mes parents, missionnaires protestants, nous ont élevés dans un amour profond pour Jésus et une excellente connaissance des Écritures saintes. Ils nous ont encouragés à apprendre par cœur et dans l'ordre les noms des livres de la Bible, et certains versets avec leur référence. Je me rappelle qu'ils nous promettaient de la glace pour nous motiver ! C'était une bonne méthode grâce à laquelle je suis tombé amoureux des Écritures. À dix-sept ans, fasciné par la puissance des films, j'ai déménagé près d'Hollywood, en Californie. Je pensais pouvoir utiliser la pellicule pour changer positivement le monde. Je me suis intégré au monde du cinéma et ai été rapidement rattrapé par le travail, les négociations, l'argent. Un jour, j'ai rencontré un pasteur d'une église évangélique protestante au Mississippi. Avec l'encouragement de mon père, je lui ai demandé de devenir un « pasteur spirituel ». Les seules habitudes que nous avions dans cette petite « famille » étaient fondées, quotidiennement, sur quarante minutes de louange et une heure de prédication à partir de la Bible. Nous étions enthousiastes lorsque le pasteur expliquait la Bible à la lumière de sa propre évaluation théologique. Mais, en même temps, j'étais très blessé par le manque d'unité évidente entre les milliers de dénominations protestantes ! Cela ne pouvait pas être ce que Dieu avait prévu et exprimé à travers les paroles de Jésus « que tous soient un » (Jean 17,21).
Y a-t-il des événements qui vous ont rapproché davantage de la foi catholique ?
Oui. Quelque temps après, j'ai trouvé des livres qui expliquaient comment prier. Il y avait Thérèse d'Avila : sa dévotion fidèle et ses talents innombrables pour mener les âmes à l'union à Dieu m'ont frappé, me tirant de ma léthargie pour la réalité vivante et merveilleuse de la prière intérieure. En voyage vers l'Italie, je rencontrais une foule de témoins comme saint François d'Assise, sainte Cécile… J'ai su que je n'étais pas prêt à mourir pour ma foi protestante. Que manquait-il ? C'est à cette époque que je commençai à aller secrètement à la messe, dans un petit couvent près du temple protestant. J'y entrais tôt le matin, m'asseyais dans le fond et restais sur mon siège pendant la communion. Et je revenais de la sainte messe, le cœur rempli d'une paix joyeuse qui durait toute la journée. Dans la sainte messe, je découvris la principale façon par laquelle nous participons à cette vie. Ce sera l'une des principales étapes de ma vocation.
Vos parents, que disaient-ils ?
A ce moment là, mes parents étaient missionnaires protestants en France. Ils y sont venus pour se rapprocher de l'Eglise catholique et ont été confirmés dans l'Eglise. Je passai de longues heures au téléphone avec eux, apprenant les différences entre protestants et catholiques, et chaque nouveau pas vers l'Eglise catholique m'apportait soulagement et joie.
Y-a-t-il eu des doutes, des atermoiements ?
En effet, malgré tout cela, je retournai en Californie pour retravailler dans l'industrie du film. Je fus tenté de m'y impliquer entièrement quand un accident me brisa la cheville. J'eus quatre opérations et plusieurs mois pour récupérer ; les longues heures de rééducation se remplirent d'étude du catholicisme, en particulier des questions que j'acceptais encore difficilement : la médiation de la Sainte Vierge Marie dans l'histoire du Salut, l'autorité d'unification et de protection du Pape, vrai successeur de saint Pierre. Vous voyez, je n'ai rien eu à faire dans ma propre vocation, sinon de répondre à l'invitation de Dieu et aux exemples de saints ayant vécu dans son amour.