N’y avait pas grand mot de réconfort à dire à cet homme, sinon que d’essayer de le dégeler un peu… ce qui a fonctionné !
Dans sa jaquette bleue et bien rassis dans sa chaire d’hosto, il patientait le plus posément possible son triple pontage qui l’attendait pour le lendemain après-midi. Je ne le connaissais point. Pourtant, j’allais quand même le visiter. Je venais le voir parce que j’accompagnais sa belle-soeur mon amie. Fébrile, il l’était. Émotif, considérablement itou. Mais qui ne l’aurait pas été à sa place ?
Voyez-vous, sa soeur qui avait subi la même intervention chirurgicale quatre ans plus tôt en était trépassée, et cela, après une longue agonie due à des circonstances plutôt ambiguës. Pour rajouter à son angoisse, le chirurgien qui allait s’emparer de lui était celui qui avait charcuté sa consanguine.
«Eh bien! Vous savez, je ne crois pas que ce chirurgien risque d’en zigouiller deux de la même famille sur sa table d’opération, il sait trop bien que ça entacherait sa réputation !»
Mon raisonnement fut bon. Il survécut à sa chirurgie… mais peut-être pas grâce à moi !