LE CINÉMA SELON BELLOCCHIO…
Giovanna Mezzogiorno et Filippo Timi, photogramme issu du film Vincere, de Marco Bellocchio, 2009.
Vendredi, après mon cours, je décidais d’aller voir Vincere, le dernier film de Marco Bellocchio.
La séance à peine commencée… j’avais déjà envie de vous en parler. J’ai besoin de le faire. Mais ce que je vais vous en dire ne sera pas structuré. Depuis hier je tourne et retourne mes souvenir de ce film… les impressions ressenties durant la projection se sont ancrées dans ma mémoire et je n’arrive pas à m’en défaire.
Synopsis du film :
Dans la vie de Mussolini, il y a un lourd secret que l’histoire officielle ne raconte pas : une femme, Ida Dalser, et un enfant, Benito Albino conçu, reconnu puis désavoué. Ida rencontre Mussolini de manière fugace à Trente et en est éblouie. Elle le retrouve à Milan où il est un ardent militant socialiste qui harangue les foules et dirige le quotidien l’Avanti. Ida croit en lui, en ses idées. Pour l’aider à financer le Popolo d’Italia, point de départ du futur parti fasciste, elle vend tous ses biens.
Lorsque la guerre éclate, Benito Mussolini s’engage et disparaît de la vie de la jeune maman, qui découvrira avec stupeur qu’il est déjà marié avec une autre femme. Ida n’aura dès lors de cesse de revendiquer sa qualité d’épouse légitime et de mère du fils aîné de Mussolini, mais sera systématiquement éloignée de force et son enfant mis dans un institut. Pourtant, elle ne se rendra jamais et ne cessera de revendiquer haut et fort sa vérité.
[Source : Festival de Cannes.]
Une fois n’est pas coutume… je vous livre le synopsis du film. Mais pourquoi ? Parce que ce qui m’a frappée dans ce film, ce n’est justement pas l’histoire qui y est contée.
J’ai apprécié ce film ; j’ai vibré et pleuré devant cette histoire d’amour tragique… mais ce n’est pas cela qui m’a marquée. Connaissant peu l’histoire de cette période en Italie, j’ai par ailleurs été quelque peu gênée par le scénario qui ne rend pas compte de toute la complexité de la trame historique. J’imagine que les fins connaisseurs n’ont pas été gênés outre mesure… mais la tête de linotte que je suis n’a pas survécu aux nombreuses ellipses du scénario. A tel point que j’ai dû revoir quelques points d’Histoire à mon retour… Mais là n’est pas non plus ce dont je voulais vous parler, qui me trotte dans la tête depuis hier.
L'affiche du film...
Marco Bellochio réalise avec Vincere un film absolument remarquable. J’ai été particulièrement frappée par la richesse de l’univers de ce film. Richesse du montage, de la forme même du film… et d’une thématique que j’ai trouvée prégnante sur le reste : Vincere m’est apparu comme un très bel objet de réflexion sur le cinéma.
Histoire du cinéma, formes cinématographiques, cinéma instrument de propagande, cinéma d’actualités, cinéma cathartique… Celui que l’on nomme le septième des arts est mis en scène dans ce film. Le cinéma devient l’objet même du film.
J’ai été troublée par la forme de Vincere. [Troublée dans un sens positif.] Il intègre des éléments graphiques, des archives audiovisuelles, sonores, papier, des images de propagande, des extraits de film… il met le cinéma en abîme dans le cinéma : nombreux sont les moments qui mettent les protagonistes dans une position de spectateur.
Etude sur le cinéma, donc, en parallèle à l’évolution de la montée du fascisme… où l’on suit l’évolution du média, du muet au parlant… avec l’intégration d’anachronismes, que j’imagine pensés et surtout bien pensés.
Je ne pense pas être très claire… d’ailleurs ça ne l’est pas dans ma tête.
Je n’ai pas tout aimé dans ce film… certains choix, notamment d’interprétation ou de scénario m’ont semblé peu judicieux… [mais qui suis-je pour en juger ?] Mais au final, l’impression dominante reste celle d’avoir assisté à une expérience forte. D’avoir pleuré en voyant Ida Dalser pleurer devant un film de Chaplin… L’identification sur l’identification… Et surtout d’avoir nourri et attisé une réflexion (personnelle) plus ancienne sur le cinéma.
Au delà de toutes mes considérations farfelues et absurdes… je dois avouer que j’ai été totalement fascinée par Filippo Timi, qui interprête avec virilité et animalité Mussolini, puis son fils… Personnage fort en couleur, irrésistiblement magnétique… Giovanna Mezzogiorno (outre le fait de porter le nom d’un restaurant que j’affectionnais jadis à Rennes…) [si on ne peut pas plaisanter !] est elle aussi magnifique… campant un personnage haut en couleur ; sa présence crève l’écran. Sans parler de la beauté de l’image… et sa richesse (donc). [Ohhh, et la musique, la musique ! Du lyrique... du Philip Glass. Yay !]
Et cette irrésistible envie de parler italien qui ne me quitte plus… alors que je ne parle pas la langue ! Chhhh !
Je ne vais pas vous meurtrir les méninges plus longtemps avec mes digressions… et vous laisse regarder la bande-annonce française du film.
[Youtube=http://www.youtube.com/watch?v=u7lpx9DfowA]
Ciao !