Re-naissance, reconnaissance et reconnection

Publié le 29 novembre 2009 par Do22

Aujourd'hui, c'est le 29. Demain, le 30. C'est la fin de l'année financière de l'entreprise pour laquelle je travaille. Une fin d'année qui se termine avec l'installation d'un serveur, l'inventaire demain, la fermeture de l'année fiscale mardi, l'installation d'un nouveau logiciel comptable + gestion de la clientèle, les cartes de Noël à envoyer aux 300 clients, la lettre-rapport aux investisseurs... et une formation de trois jours à Montréal avec Landmark du 11 au 13 décembre. Wow ! Et j'en ai sûrement oublié à travers tout ça ! Ah oui : le tout avant le 18 décembre, date de la fermeture pour les vacances !!! Yaouhhhhhhh ! Toujours est-il que je veux vous partager quelque chose qui m'a fait chaud au coeur cette semaine, après avoir vécu une année haute en rebondissements émotionnels. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi bête, agressive, intolérante, etc. que depuis cet été. J'ai notamment mis ça sur le compte de X et Y, des excuses faciles comme la pré-ménopause (je n'en suis même plus sûre aujourd'hui !). Des bouts, je ne me reconnaissais plus !
Dans la nuit de dimanche dernier, j'ai fait de l'insomnie, encore une fois.. Ça m'arrive souvent depuis un an environ. Je me suis cependant accueillie là-dedans et j'ai demandé pourquoi je n'arrivais pas à dormir. Je me suis alors tournée sur le côté droit et me suis laissée ressentir. Mon corps a commencé à vibrer, tendu, serré. La terreur. Je me suis retrouvée dans le même sentiment que lorsque j'étais petite, quand mon beau-père frappait ma mère. La terreur de la petite fille seule, perdue sans personne, terrée dans le fond de sa chambre, jamais réconfortée, jamais consolée.
Je me suis laissée sentir cette émotion et l'ai accueillie avec compassion : ces souvenirs sont ceux de la petite fille en moi, pas de l'adulte. En réalisant ça, la terreur s'est estompée, la paix est revenue en moi et je me suis endormie. Le lendemain matin, j'étais de bonne humeur, plus légère que depuis plusieurs semaines où je traînais une grosse fatigue et où j'avais la «mèche courte».
Depuis, je n'ai plus refait d'insomnie...
Deux nuits plus tard, j'ai rêvé que j'allais accoucher. J'étais dans une pièce bleu ciel, un matelas à terre, des draps épars, une femme occupée à ranger des trucs dans une armoire. Il faisait très chaud. Étant seule, je me suis levée pour aller voir la femme qui ne venait pas me voir malgré mes appels. Je perdais les eaux, des contractions, le bébé arrivait. La femme n'avait pas l'air de s'en faire avec ça. Je me sentais seule mais la simplicité de la pièce, cependant, ne me dérangeait pas.
Le lendemain après-midi, en repensant à ce rêve, j'ai eu un flash : il s'agissait de ma mère et... de MA naissance. Le Libéria (c'est là que je suis née), la chaleur, la pièce presque vide, l'infirmière noire, la solitude de ma mère loin des siens, mon père
absent car non invité à l'accouchement («Ça ne se faisait pas à l'époque», m'avait dit ma mère), etc.
A travers tout ça, l'impression que j'étais en train d'accoucher... de moi-même ! Drôle d'impression mais qui résonnait tellement vrai en moi. Après toutes ces tempêtes émotionnelles depuis quelques mois, le sentiment de me libérer enfin d'un poids lourd, cette terreur d'enfant face à la violence et cette solitude dès ma naissance. Une re-naissance, un nouveau bonheur intérieur, une reconnection intérieure.
Ceci dit, je travaille fort mais je ne suis pas workhoolic. Je ne travaille pas plus que 40 heures par semaine au bureau. Un de mes buts est, toujours et avant tout, que tous les employés de l'entreprise se sentent bien parmi nous. Sans eux, l'entreprise ne pourrait fonctionner ?! Ce sont les premiers dont on doit prendre soin si on veut que l'entreprise aille bien. Ensuite, on prend soin des clients - qui nous font vivre en achetant nos produits ! - et des fournisseurs qui nous font confiance qu'on va les payer rapidement.
Cette semaine, je travaillais sur le petit rapport aux investisseurs pour leur souhaiter de joyeuses fêtes et les remercier de leur soutien. Mon collègue (arrivé il y a 3 mois et ayant plus de recul que moi face à la compagnie) a suggéré que nous fassions une section «Ce qui a marché» et d'énumérer les bons coups de l'année. Voici un bout de ce que ça a donné :
- Gestion prudente de l'entreprise
- Pas de roulement de personnel
- Augmentation notable du chiffre d'affaires
- Bénéfices après la 2e année d'opération (rare dans le monde des affaires !)
et autres considérations positives.
Au fur et à mesure que mon collègue suggérait un thème, mon coeur se réchauffait de plus en plus. J'en étais même émue parce que, tous ces bons coups relèvent directement de... moi. Je gère prudemment l'entreprise  (j'ai parfois l'impression d'être la méchante qui dit tout le temps non aux dépenses ! ); 
le chiffre d'affaires a beaucoup augmenté cette année, sans vendeurs supplémentaires; le personnel est heureux puisqu'il ne tourne pas ?! Etc...
Je ne m'en rendais pas compte.
Le voir ainsi écrit à l'écran m'a sauté à la figure et m'a touchée profondément. Moi qui me suis parfois sentie incompétente, en échec, malheureuse de ne pas arriver où je voulais (perfectionniste parfois, la fille !), j'ai soudain senti toute la reconnaissance que je pouvais m'offrir, la fierté aussi, de ce que j'ai accompli depuis deux ans. Quelqu'un me l'aurait dit que ça n'aurait pas eu le même impact : j'avais besoin de le réaliser, de le ressentir moi-même. Ça fait chaud au coeur...
Le fait est que l'ambiance au bureau est spéciale, positivement parlant : toutes les personnes impliquées dans la direction sont des personnes en cheminement depuis longtemps. Il est donc évident que nous permettons à chacun d'entre nous d'avoir ses humeurs. Nous prenons soin des membres de l'équipe car nous savons qu'une équipe est, avant tout, le lieu de reflets, de miroirs, de réalisations et de guérisons intérieures. Une équipe qui passe 7 heures par jour, 5 jours par semaine, ensemble, c'est comme une famille. Ce n'est pas toujours facile mais nous savons que l'entreprise est un grand laboratoire de recherches et de découvertes et nous agissons en fonction de cette philosophie1.
Ce qui s'est passé pour moi cette semaine m'a inspiré une idée à vous partager : si vous vous sentez découragé(e) de vous-même, que vous avez l'impression de ne pas arriver à vos fins, d'être même en échec peut-être, je vous invite à faire une liste de «Ce qui a marché» pour vous cette année. Cela vous permettra de bien terminer l'année, fier(e) de vous et encouragé(e) pour la prochaine année. Que ce soit au niveau travail, personnel, relationnel ou autre, peu importe : prenez le temps de VOUS reconnaître, vous-même, car ce n'est que soi-même qu'on peut ressentir toute la fierté et la chaleur de la reconnaissance de qui on est et de ce qu'on a accompli...
Je vous envoie plein de tendresse et de compassion... pour vous-même ;-o))
Bon dimanche !
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Photo : moi dans les bras de l'infirmière au Libéria, j'ai un jour ;-o)) 1 pour inspiration : Le serviteur : Une histoire toute simple au sujet de la véritable essence du leadership