degré V, XIII (12)
Publié le 28 novembre 2009 par Moinillon
«Eh ! s'écriaient-ils, pourvu
que cette grâce ne nous soit pas refusée, nous devons être contents. » C'est là
que je vis des âmes vraiment humbles, mortifiées et transpercées de douleur,
connaissant et sentant l'énormité de leurs péchés. Aussi poussaient-elles des
cris et des lamentations, adressaient-elles à Dieu des prières si ferventes et
si animées qu'elles auraient amolli la dureté et l'insensibilité des rochers.
On les entendait, dans un saint tremblement, et humblement prosternées contre
terre, répéter sans cesse : «Oui, Seigneur, nous reconnaissons et nous
confessons que nous ne méritons que trop toute sorte de peines et de
châtiments, et que, quand même l'univers entier se réunirait à nous pour
pleurer sur le nombre et sur la grandeur de nos offenses, toutes ces larmes ne
seraient pas suffisantes pour laver nos âmes et satisfaire à votre Justice;
mais il est une grâce que nous te prions, te supplions avec instance et te
conjurons de ne pas nous refuser : c'est de ne pas nous corriger dans Ta juste
colère, et de ne pas nous châtier dans ton indignation (cf. Ps 6,2), mais de
nous recevoir dans les bras de Tes miséricordes. Il nous suffit, Seigneur, que
nous n'ayons plus à craindre Tes terribles menaces, et que nous soyons
préservés des supplices inexprimables et incompréhensibles que nous avons
mérités; car nous n'osons pas Te demander que Tu nous délivres de toutes les
peines que nos péchés nous ont attirées, et que Tu nous accordes un pardon
entier et parfait. Eh ! Seigneur, de quel front pourrions-nous solliciter une
telle faveur, nous qui avons eu l'audace sacrilège de profaner et de violer les
vœux de notre sainte profession, et de fouler si indignement aux pieds la grâce
inestimable que Tu nous avais faite, en nous pardonnant, si généreusement et
avec tant de bonté, les fautes que nous avions commises avant de quitter le
monde.»saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la véritable et
sincère Pénitence»