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La débâche liturgique et ses accessoires (8) : Les ornements ou vêtements liturgiques (d)

Publié le 30 novembre 2009 par Hermas
  1. La chasuble

Lorsqu’il revêtait la chasuble, le prêtre récitait la prière suivante:

«Dómine, qui dixísti: Iugum meum suave est, et onus meum leve: fac, ut istud portáre sic váleam, quod cónsequar tuam grátiam. Amen.

«Ô Seigneur, qui avez dit:mon joug est doux et mon fardeau, léger, faites que je puisse porter le porter de manière à obtenir votre grâce. Amen»

Lors de l’homélie de la Messe Chrismale du Jeudi Saint (5 avril 2007), le Pape Benoît XVI poursuivant ses réflexions sur les habits sacerdotaux, reprend et commente en ces termes cette belle prière:

«Pour finir, encore quelques mots à propos de la chasuble. La prière traditionnelle, lorsque l'on revêt la chasuble, voit représenté en celle-ci le joug du Seigneur qui, en tant que prêtres, nous a été imposé. Et elle rappelle la parole de Jésus qui nous invite à porter son joug et à apprendre de Lui, qui est "doux et humble de cœur" (Mt 11, 29). Porter le joug du Seigneur signifie tout d'abord:apprendre de Lui. Etre toujours disposés à aller à son école. De Lui, nous devons apprendre la douceur et l'humilité - l'humilité de Dieu qui se montre dans son être homme. Saint Grégoire de Nazianze s'est demandé une fois pourquoi Dieu avait voulu se faire homme. La partie la plus importante, et pour moi la plus touchante de sa réponse est: "Dieu voulait se rendre compte de ce que signifie pour nous l'obéissance et il voulait tout mesurer sur la base de sa propre souffrance, cette invention de son amour pour nous. De cette façon, Il peut directement connaître en lui-même ce que nous ressentons - combien il nous est demandé, combien d'indulgence nous méritons - en calculant, sur la base de sa souffrance, notre faiblesse" (Discours 30; Disc. théol. IV, 6). Nous voudrions parfois dire à Jésus: Seigneur, ton joug n'est pas du tout léger. Il est même terriblement lourd dans ce monde. Mais, ensuite, en Le regardant, Lui qui a tout porté - qui a éprouvé en lui l'obéissance, la faiblesse, la douleur, toute l'obscurité -, toutes nos plaintes se taisent. Son joug est d'aimer avec Lui Et plus nous L'aimons, plus nous devenons avec Lui des personnes qui aiment, plus son joug apparemment lourd devient léger pour nous.

«Prions-le de nous aider à devenir avec Lui des personnes qui aiment, pour ressentir ainsi toujours davantage comme il est beau de porter son joug. Amen.

Mais qui a lu cette homélie? Qui en a tenu compte? Qui en tient compte actuellement?

Combien de prêtres célèbrent actuellement, sans soutane, sans amict, sans cordon: EN PORTANT SIMPLEMENT L’AUBE «Prénatal» et l’étole «vol au vent»…

En pleine désobéissance avec les règles précises fixées par l’Eglise, Maîtresse en cette Matière Sacrée, sans qu’aucune voix de leurs Pasteurs ne s’élève pour leur rappeler leur devoir, au moins le sens de l’obéissance, et surtout, l’Action Sacrée qu’ils vont accomplir!

Le JOUG DU CHRIST LEUR PESERAIT-IL A CE POINT?

Alors, qu’ils s’en aillent! Ou qu’ils obéissent et se convertissent. Ils sont un objet de scandale pour les fidèles qui n’osent rien dire, mais qui en souffrent!

Savent-ils seulement encore ce que signifie la chasuble, le Saint-Sacrifice de la Messe? Et s’ils le savent, en se comportant avec cette négligence dans le respect des normes liturgiques, cette légèreté avec laquelle ils se présentent devant Dieu, au pied de la Croix, cette désinvolture offensante pour la Majesté de Dieu, la question se pose:

CROIENT-ILS A CE QU’ILS FONT?

Et s’ils y croient, du moins encore un peu, n’ont-ils pas tout de même perdu en plus ou moins grande partie le Sens Sacré de l’Action que le Christ réalise par leur intermédiaire?

La manière de célébrer le Saint Sacrifice est l’expression visible de la Foi du prêtre en ce qu’il fait! Et les fidèles ne s’y trompent pas! Ils sont désorientés, choqués, scandalisés, bouleversés, et ils se le disent entre eux, en famille. Avec parfois (pour ne pas dire souvent) la perte de l’assistance à la Sainte Messe, car tous n’ont pas la possibilité de faire des kilomètres en voiture pour «trouver une Messe convenable»

Nous sommes en pleine «Désacralisation»

L’origine et l’historique de la chasuble

Le mot vient du latin casula, qui signifie «petite maison». On l'appelle également pænula en latin (comme le manteau que l'apôtre Paul avait oublié à Troas lors d'un de ses voyages). C'était en effet, à l'origine, une vaste rotonde qui enveloppait complètement le prêtre, appelée chasuble romane ou chasuble cloche. Au centre, il y avait un trou pour passer la tête et on la relevait sur les bras pour dire la messe

A force de l'enrichir de parements, de broderies, de fils précieux (or, argent), le tissu s'est épaissi est la pliure est devenue impossible, le vêtement incommode: il fallait deux assistants à chacun des prélats lors du sacre royal à Reims pour soutenir les pans des vêtements.

On a donc échancré les côtés, aboutissant à Rome aux XVIIème et XVIIIème siècles à une forme s'éloignant nettement de l'antique planeta, la chasuble romaine, parfois appelée «baroque», souvent très épaisse et ornée. Ce type de chasuble est encore couramment utilisé de nos jours dans plusieurs Pays et paroisses. La forme variait légèrement selon les pays. En France, on pouvait en voir dans les églises majeures pour les grandes cérémonies, les petites paroisses, souvent pauvres, adoptant une forme plus réduite encore, comme celle que l'on peut voir sur les représentations du Curé d'Ars. Appelée familièrement «boite à violon» ou chasuble «violon» en raison de la forme de sa partie antérieure, très étroite au niveau de la poitrine, qui n'était suspendue que par deux petites bandes de tissu, sa partie postérieure ne dépassait guère la largeur des épaules Le diocèse de Moulins, qui fut parmi les premiers diocèses français a adopter le rite romain au cours du XIXème siècle, avait choisi, avec une autorisation spéciale du Saint-Siège, une forme inspirée d'anciennes chasubles romaines qui existaient avant la chasuble «baroque», telle qu'on peut en voir sur les illustrations du liturgiste Batholomée Gavantus au XVIème siècle. Retrouvant une forme ovale, souvent ornée d'une croix latine dans le dos et d'une simple bande à l'avant, elle était un peu moins ample que celle qui lui succédera en France quelques décennies plus tard.

La débâche liturgique et ses accessoires (8) : Les ornements ou vêtements liturgiques (d)

Les deux faces d'une chasuble baroque richement décorée

Ce retour à une forme plus ancienne marque les prémices d'un renouveau liturgique qui, au début du XXesiècle, va aboutir à l'utilisation de tissu souple et de formes inspirées des illustrations médiévales, donnant naissance à la chasuble dite «gothique.» C'est elle qui a été utilisée en France avant la réforme liturgique de Vatican II, en même temps que les chasubles romaines qui existaient déjà dans toutes les paroisses

Depuis la réforme liturgique, en France, les chasubles romaines ont disparu des cérémonies, et ont été reléguées ans les «archives», ou détruites, ou vendues: jugées trop «riches», et rappelant «l’ancienne liturgie», «préconciliaire»; les chasubles romaines ne sont plus utilisées souvent, ce qui est regrettable, car leur suppression, alors que rien n’en interdisait l’utilisation, a entraîné des dépenses non négligeables pour les remplacer par des ornements dits «gothiques», «modernes» (? Pourquoi, si elles reprennent, un usage ancien?), dont sont souvent absents les signes et les symboles religieux qui ont servi depuis des siècles dans la Tradition liturgique, la Croix, l’Agneau Immolé avec les 7 sceaux, le Pélican etc.

Le tissu utilisé actuellement pour la confection des chasubles est devenu très souple, souvent sans doublure, les ornements légers, et la forme s'est rapprochée (à plat) de l'ovale, sans couture sur les manches, comme les chasubles romanes, et souvent sans aucun symbole chrétien, se contentant d’un jeu de couleurs, comme par exemple les «couleurs de l’arc-en-ciel», choix qui est peu judicieux pour les raisons que le lecteur «à la page» de la mentalité moderne peut deviner (cf. Journées Mondiales de la Jeunesse à Paris!)


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