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Cerbères Le billet de Nestor

Publié le 30 novembre 2009 par Angèle Paoli
Le billet hebdomadaire de Nestor (8) CERB-RES
Ph., G.AdC

CERBÈRES


    *** Trêves, souffles maquillés dans l'habitude des villes – vous rêvant des nuits, là-bas, entre acier et roues...
    Ire, vent salubre sur les détours, j'avance vers l'horizon recomposé, dans l'intimité sans soumission du jour qui se perd, j'avance, poignard à la hanche vers la grande odeur salée, j'avance vers la défaite devinée, j'avance en me jouant des visages furtifs ou inépuisables, j'avance sans compter, sans oublier, j'avance pour qu'après, bien après, vous renforciez le pacte...

    *** Tu t'enfermais dans des villes barbouillées de collines. L'heure était aux promesses. On te prêtait une intensité fluviale, des mains furtives, que sais-je encore...
    Tu rayonnais, jusque dans l'argile, de danses écarquillées. Au-dessus des marais, l'aube semblait durable.
    Tu souriais, tu laissais faire. On ne t'avait rien proscrit, les reflets étaient encore hauts, tu ne tenais qu'à travers leurs jeux, t'ouvrant aux seuls dangers, de crue en crue, trop près des chutes...
    Puis tu es reparti. Certains reconnaîtront leur sang, puis s'oublieront dans le quêteur prêt à tout rompre, sur l'autre orgueil des routes.
    On parlera de ton secret. Les femmes se l'arracheront, avec ta chasteté, l'immense.
    Retrouvons-nous après le partage, habillés de nos seuls vœux, avant que le monde ne t'éveille, hésitant, entre les ors et les pages...

    *** Les fêtes ont cessé de remuer. Les portes ne donnent que sur l'ombre apprise, riveraine, engloutie, là où il attend, entend, de tous métiers l'exclu, tantôt le brisement, tantôt la succession d'îles ou le déclin des fables.
    N'appelez pas clarté ce soleil en sursis, au-dessus du lent recueillement de ses cascades. Que d'autres mains désormais l'égrènent, la paume ouverte, loin de toute contamination.
    Ces montées, ces rencontres, le bourgeonnement aux carrefours, ces proliférations chaudes dans son sillage... Qui lui parla de faute, d'intouchables merveilles ? Menteurs, il n'en sut rien, ou alors ― tant il nous ressemble ― celui qui s'égrène partout, et en plein jour, l'a rendu aux grandes pauvretés de ce feu...
    Il s'en souvient à peine, fort de son incommensurable enfance, de ces mouvements d'avant le renouvellement des mers.
    Par les voies inséparables, toujours loin des parois, ses jeux attisés
        Sur ce front, à l'orée du monde, où d'une brûlure fascinée il divise
              Son silence.

André Rougier
D.R. Texte André Rougier


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