Magazine Humeur
Des troupes arabes en Palestine !?
Publié le 08 septembre 2008 par VympelLe ministre égyptien des affaires étrangères, Ahmed Abul Gheit, cité par Reuters, a apporté le soutien de son pays, samedi au déploiement des troupes arabes dans la bande de Gaza. « Avoir des troupes au sol pourrait aider à empêcher les combats et les confrontations entre les Palestiniens et les Israéliens », a indiqué M. Abul Gheit. « Cette idée ne fait pas encore l'objet des discussions, mais elle mérite d'une prise au sérieux », a-t-il souligné avant d'évoquer le dialogue sous l'égide des égyptiens avec les factions palestiniennes. Le Hamas et le FPLP rejettent l'idée du déploiement des forces arabes dans la bande de Gaza estimant qu'elle ne fait que garantir les intérêts du régime sioniste.
La proposition égyptienne n'est nullement une nouvelle invention, la possibilité d'un tel déploiement est une option bien étudiée par tous les joueurs du conflit au moyen-orient.
Il faut donc se demander pourquoi l'Égypte soutiendrait une telle manœuvre dans un terrain miné; alors que le conflit est devenu inter-palestinien, les territoires concédés aux deux factions jouent un rôle stratégique arbitré farouchement par la junte égyptienne. Dans ce schéma le Hamas (Mouvement Islamique de lutte armée) aurait à montrer deux aspects qui vont dans sa politique belligérante face aux sionistes; d'une part mouvement de lutte armée contre les occupants sionistes, d'autre part pion de choix parrainé par l'Iran et la Syrie.
Les égyptiens veulent montrer qu'ils s'imposent encore comme les seuls médiateurs entre palestiniens et israéliens, alors que leurs intérêts sont mis à rude épreuve dans la bande de Gaza, ils manœuvrent constamment en vue d'apaiser les tensions entre « les frères » palestiniens; avec une milice pro occidentale, celle du Fatah, qui perd du terrain et de de sa notoriété sur le champ de bataille en contre partie l'émergence d'un Hamas fort d'un appui iranien et d'une protection syrienne de premier choix (la classe dirigeante est stationné à Damas avec tous les privilèges logistiques).
Cette interposition ne joue guère en la faveur des israéliens qui observent dans le Hamas une arme téléguidée par des ennemis farouchement opposés à la politique appliquée dans la région; c'est dans ce contexte que l'Égypte cosignataire, avec Israël, des accords de paix de Camp David, peine à mettre l'étau sur le réseau clandestin du Hamas qui lui garantit l'apport en armes et en liquidités, renforçant ainsi sa position face au Fatah mais aussi face à Tsahal (l'armée sioniste) qui trouve des difficultés à confronter ces milices bien armées.
Alors que l'équilibre des forces prend une nouvelle virée dans le moyen-orient, les réactions et les contre-réactions sont de plus en plus mûres et fatidiques à initier; les négociations prennent donc la relève dans tous les niveaux et les égyptiens, privés de leur main forte, dans le territoire palestinien concèdent les négociations aux factions palestiniennes en vue de torpiller cet nouvel équilibre et de contenir « la menace » aux portes de leur frontière; La péninsule de Sinaï frontalière de l'enclave de Gaza représente une poudrière pour la junte égyptienne et le trafic d'armes & d'explosifs prend des ampleurs critiques pour les deux parties, israélienne et égyptienne. Les pressions mises en œuvre par le Hamas afin de percer le blocus du passage de Rafah (poste frontalier entre Gaza & l'Égypte) ont bien mis à mal les autorités égyptiennes, c'est ainsi que réapparaît l'option d'une force d'interposition, d'une part entre les fractions palestiniennes pour mettre fin au bain de sang entre frères ennemis, d'autres part entre le Hamas et Tsahal pour consolider ladite trêve. Or la supposée action sur le terrain porterait à des tactiques géopolitiques si complexes que la seule déclaration du ministre des affaires étrangères égyptien aurait déjà déclenché.
Pour la première fois les autorités sionistes restent muettes face à de telles déclarations, une attitude qui montre bien la synchronisation des tactiques à l'encontre d'un ennemi commun; une telle manœuvre met en perspective les vrais alliances dans la région qui se bousculent pour garder des positions et préparer donc le terrain à des actions plus spectaculaires suivant l'ordre des événements; des événements très critiques comme les élections US, la nouvelle montée russe, le nucléaire iranien et les pourparlers israélo-syriens(...)