Ça faisait quatre mois que Manon allait mal. Elle n’arrêtait pas de me dire qu’elle avait envie de se foutre en l’air. Je n’en pouvais plus. Avec elle mes nuits étaient plus belles que mes jours ; au moins elle dormait. Au comble de l’exaspération, j’ai fini par prendre une décision :
- Si tu veux, je te paie une psychothérapie de soutien ; avec10 séances tu devrais aller mieux.
Elle n’a pas dit non. Manon ne dit jamais non, elle n’est pas contrariante ; enfin, elle n’était pas contrariante, jusqu’à ce jour où elle est arrivée la bouche en cœur. Elle revenait de sa dixième séance.
- On dirait que ça va mieux, lui ai-je fait souriant, tu vois, qu’est-ce que je t’avais dit !
Elle m’a répondu l’air embarrassée :
- Oui mais…enfin… j’ai quelque chose d’important à te dire.
J’étais un peu étonné de tant de mystères, surtout qu’entre elle et moi il n’y a jamais eu de secrets. Et puis soudain elle s’est jetée à l’eau :
- Il faut que je te quitte. Toi et moi ça ne peut plus marcher. On est trop différent.
Je n’ai pas su quoi répondre. D’ailleurs je n’en ai pas eu le temps, elle est montée préparer sa valise et elle est partie sur-le-champ.
Depuis deux semaines je suis seul avec la chatte - oui, elle m’a quand même laissé Louise - mais je n’ai qu’une envie : me foutre en l’air.