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Un nouveau toit pour toute la classe

Publié le 03 février 2009 par Impatiencesamoureuses
(Avertissement : ce chapitre est une ébauche d'une suite au roman Vivement l'amour) C’était bien la première fois que tout le monde était en avance sur l’horaire.
A une heure et demie, toute la classe était déjà en salle.
Frustrator, le seul pion de tous ceux et celles qui sont au courant de notre petite boum improvisée, ne peut pas s’empêcher de venir lorgner toutes les dix minutes de l’autre côté de nos rideaux.
— Il est pénible, celui-là ! a lâché Sophie.
Jacky lui a ordonné de fermer les rideaux une bonne fois pour toutes. Il n’a qu’à aller voir ailleurs, lui ! Il n’est pas invité !
— Ah non ! Ce sera encore pire après : il va venir nous surveiller directement sur place ! s’est exclamé Marina. Laisse ouvert !
Frustrator a serré les dents et il a fait semblant de partir, mais en réalité, il n’attend qu’une seule chose : que deux d’entre nous se transforment en couple qui se bécote ! Et lorsque ceci arrivera, il se transformera en légionnaire romain qui mettra fin à la fête en nous faisant tous jeter au cachot, et en envoyant le couple fautif directement dans la gueule des lions.
— Tu as toujours la clé ? j’ai demandé à Armand.
— Je confirme !
Tant mieux : quand la boum commencera, on tirera les rideaux et on fermera la porte à clé en mettant la musique à fond.
Frustrator aura beau tambouriner, on ne l’entendra plus et tout le monde pourra danser, chanter et se toucher comme il se doit.
C’est quand même la fin d’année, nom d’un poil !
— C’est la fête, par ici, on dirait ! a lancé le prof d’arts plastiques, en glissant sa tête par l’entrebâillure de la porte.
On lui a expliqué qu’on allait faire une méga boum pour fêter la grève des profs, euh, non, pour fêter la fin d’année, Monsieur !
— Vous avez du matos ? il a fait.
— Du matos ?
— Ben oui, du matos, quoi : une chaîne Hifi, des enceintes, un truc qui crache… Vous n’allez quand même pas faire une boum avec ce poste de musique de chambre, non ?
Il a montré le poste que Sylvie avait posé sur une chaise.
On a haussé les épaules. Faute de mieux, on se contentera de peu…
— Je vais vous arranger ça ! Sophie, Charlie, Gilou, vous venez avec moi ?
Il nous a emmenés dans sa caverne aux trésors, pleine d’œuvres d’art inestimables, allant des découpages experts des sixièmes aux toiles abstraites des plus créatifs, en passant par les sculptures d’argile peintes à la gouache, les tirages de photos aux flous artistiques, et la fameuse fissure du mur du couloir – pièce majeure – encadrée par ses propres soins comme figure déroutante de l’art contemporain.
Un quart d’heures plus tard, on revenait avec son « matos » à lui : une chaîne Hifi avec lecteur de disques, de cassettes, de vinyls, avec des enceintes grosses comme des tabourets.
— On peut commencer à mettre de la musique ? a demandé Sylvie.
On a tous regardé son poste, on a tous regardé la nouvelle chaîne Hifi, et on a tous dit :
— On peut mettre la musique, mais c’est Givé qui s’en occupe !
Monsieur Givé, il a eu un sourire jusqu’aux oreilles, et avec son air d’adolescent de cinquante cinq ans, à peine ridé par les affres de la création artistique, il a répondu :
— Reste avec moi, Sylvie ! On va leur mettre le feu en deux minutes !
Il a tout branché comme il faut, et quand le son est sorti, on a eu le cœur qui s’est mis à l’unisson avec toute la classe et on a tous commencé à faire les fous.
C’était notre début de soirée à nous.
A quatorze heures cinq.
 


ELLI MEDEIROS - TOI MON TOIT
envoyé par TEXEL80

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