Magazine Nouvelles

Triptyque du désert (première partie)

Publié le 14 septembre 2009 par Yelyam

Trois nuits

Gentille désert

Leur première nuit au bivouac était nuit de pleine lune… elles ne s’en sont rendues compte qu’après s’être réveillées toutes les deux au milieu de la nuit suite à leurs cauchemars respectifs …

Une fois les premières peurs passées, elles ont joué de prudence et ont rapproché leurs matelas…. Ce déménagement achevé, elles ont longuement discuté et se sont mêmes aventurées dans la nuit, et c’est ainsi qu’elles ont pu admirer la lune…

Pénible première nuit…

La deuxième fut mieux.

La troisième fut pire.

Elles étaient arrivées dans ce bivouac où séjournaient également quelques autres étrangers en quête des mêmes choses qu’elles ou presque… Un peu de calme, de silence, de répit.

Afin d’encadrer tout ce monde : l’équipe de touaregs, respectueux, distants, polis…

Jusqu’à ce dernier soir. Ce soir-là, ils les séparèrent.

La première fut “invitée” à une promenade dans les dunes.

La seconde fut conviée à écouter de la musique dans le petit salon.

Ni l’une ni l’autre ne désirait ce tête à tête avec cet “autre”. Aucune ne sut comment y échapper…

Les voilà donc chacune vivant ce moment tant redouté de bien des femmes : être seule face à un homme en n’ignorant pas, dès les premières secondes, qu’il faudra manœuvrer ou se soumettre.

Nous ne pouvons en suivre qu’une…. et nous l’observons au loin, au milieu des dunes. D’emblée il lui dit qu’il la trouve belle, désirable. Il ne lésine pas ses efforts et ajoute une comparaison avec la lumière de la lune et la beauté des étoiles. Comme le romantisme est loin lorsque l’un ressent du désir, l’autre de la peur….

Elle reste sur ses gardes. Comment agir quand on est une femme, seule au milieu d’un désert qui avalera tous les cris ? Elle prend un peu de sable qu’elle fait couler entre ses doigts…. Des associations d’idées naissent dans son esprit : sablier, horloge, temps qui passe… Et comme ces grains qui s’échappent, elle se persuade que le temps est son ami et qu’il jouera en sa faveur.

Elle penche un peu la tête, pour qu’il ne voit pas son visage. Elle l’observe à la dérobée : tout en muscles, elle ne fera pas long feu s’il la touche. Retarder le moment.

Que faire ? Comment réagir ? Que dire ? A quel moment ? Quelle stratégie appliquer ? Faire semblant d’apprécier mais jouer les timides ? Ne plus se poser de questions et commencer à courir ? Attendre un peu et espérer que quelqu’un se rapproche ? Attendre un peu et craindre que quelqu’un se rapproche ?

Voilà une infime partie des questions qu’elle se pose le temps qu’il prononce la phrase « tu es belle à faire pâlir la lune ». C’est le laps de temps nécessaire pour que se mirent dans son esprit toutes ses angoisses, ainsi que tous les scénarios possibles de la suite de la promenade. Chacun des films qu’elle fait défiler ont en commun la même fin honnie : celle d’une femme vaincue physiquement. Pour le désir d’un homme.

Mais pour l’heure… pour l’heure, il est encore à quelques pas. Il ne s’est pas encore approché. Il ne l’a pas encore touchée, pas même effleurée. Pour l’heure, il ne s’en tient encore qu’aux mots.

Elle pressent qu’elle a encore une chance tant qu’il lui parle, alors elle se décide à agir comme une véritable femme, à faire et être ce que toute femme fait le mieux : être gentille !

Ainsi, en douceur, toute en sourire, en prenant garde aux phrases qu’elle prononce, elle tente pas à pas de l’engluer de sa bienveillante gentillesse.

Que le lecteur ne se méprenne pas : il ne s’agit pas ici de cette gentillesse nigaude, de cette gentillesse benête, de cette gentillesse à la portée du premier idiot du village venu. Il ne pourrait en aucun cas être fait un parallèle avec cette gentillesse qui voit le gentil se plier aux désirs de ses interlocuteurs. De cette gentillesse dont on dit avec un air de pitié et parce qu’on ne trouve rien d’autre d’admirable à dire «Il est gentil », expression claquant comme une insulte aux oreilles de tous, sauf, précisément du gentil, bien trop gentil, en l’occurrence, pour penser à mal.

Nous ne saurions non plus confondre avec cette gentillesse des gens naïfs, qui leur fait voir le monde en rose, et chaque prochain rencontré tel un ange. Jusqu’à croiser la route du premier monstre venu.

Il est question ici de la gentillesse d’une femme qui connaît ses limites et les dangers du monde.Cette même gentillesse qui élève les enfants dans l’amour et qui rassure les hommes.

A suivre……

Posted in That's the Way it is... Tagged: Amitié, Désert, Désir, gentillesse, temps, triptique, violence

Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog

Magazines