Et la poésie dans tout ça ?

Publié le 01 décembre 2009 par Caroline

Poésie, refuge dans un monde violent et vulgaire ? Poésie, pour résister ? Poésie qui arrive à point ?

Il y a les amis qu’il est temps de quitter, c’est l’heure, il faut rentrer… Ils vous donne un peu de fromage, un morceau de pain pour avoir quelque chose à se mettre dans le ventre quand, après plusieurs heures de route, on arrive chez soi et puis, un petit livre donné aussi au dernier moment, sur le palier, pour accompagner.
On l’ouvre ce petit livre, un jour, deux jours après :

Il y a des matins où ça ne va pas mais je connais
je ne me lève pas sinon je vomis du vertige
grisblancvert
dès que j’imagine que
je dois me lever j’essaie pourtant
je rejette les drapscouvertures le plus loin possible
au-delà du lit
je mets les pieds parterre
et là j’imagine que je me mets debout et là j’ai peur
j’efface tout
je rabats les drapscouvertures sur la
tête
je sors un bras pas trop tourner le bouton de la TSF
partir sur des voix sans
tête qui parlent
sans yeux
ça ne va pas mieux
mais le ça ne va pas s’en va
et c’est mieux

Miroir de la poésie.
L’auteur est Christine Brisset Le Mauve. Elle est imprimeur-typographe, a continué après la disparition de son mari, Jean Le Mauve, en 2001 à activer l’imprimerie et les éditions de l’Arbre.
Le papier, le grain particulier des caractères typographiques imprimés. Voilà un refuge contre le monde tel qu’il est. Et les mots qui résonnent en soi.
Plus que jamais on a besoin de poésie, de s’y accrocher comme à un morceau de bois perdu sur l’océan. Question de ne pas couler.
J’attends le loup qui memmene. Christine Brisset Le Mauve, éditions de l’Arbre. 02370 Aizy-Jouy