"La vie sacerdotale : une passion !"

Publié le 02 décembre 2009 par Fbruno

Extraits de l'homélie de Mgr Dominique Rey prononcée lors de la messe chrismale, le 10 avril 2006, en la cathédrale de Toulon.

Vaclav Havel, écrivain, ancien président de la République tchèque, donnait cette définition de l'espérance : Espérer, ce n'est pas se convaincre que quelque chose finira bien. Espérer, c'est d'abord la certitude que quelque chose a un sens. C'est la conviction qu'un jour adviendra où tout ce que nous vivons, bonheur ou malheur, trouvera sa signification. Que toute notre existence n'est ainsi pas vouée à l'absurde. Car notre vie trouve un sens en s'inscrivant dans une histoire que nous pouvons raconter et à laquelle la nôtre peut se rapporter, se raccrocher. Cette histoire, c'est celle du Christ. Notre vie va quelque part, au lieu d'être une simple succession d'événements aléatoires.

Si l'eucharistie est au cœur de notre vie chrétienne (si elle en est la source et le sommet), si nous sommes prêtres pour l'eucharistie, c'est précisément que notre ministère presbytéral ne se comprend que dans cette tâche d'intégrer toute chose dans le mouvement pascal, la vie de notre monde, les peines et les joies des hommes, les crises et les fécondités de nos communautés, nos propres aridités et nos fragiles victoires… D'assumer tout cela à l'intérieur et à partir d'une histoire qui est l'alliance en Jésus de Dieu avec les hommes, scellée au cours de la Cène.

Notre vie chrétienne et sacerdotale s'inscrit, par la liturgie, dans une histoire, une histoire qui donne forme au déroulement de l'année chrétienne, de l'Avent jusqu'à la fête du Christ Roi, une histoire qui nous rassemble tous les dimanches autour de l'autel, autour d'un mémorial et d'une promesse.

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Il n'y a pas de vie sacerdotale qui ne soit une passion, qui ne nous place nous aussi aux pieds de la Croix, aux côtés de Marie, du disciple bien aimé, des saintes femmes (que nous vénérons dans notre chère Provence). Notre chemin de vie s'enracine dans ce mystère de Pâques que nous célébrons jour après jour.

Mais déjà nous voyons poindre les rayons de la lumière pascale, les fruits de notre vulnérabilité assumée dans la foi, portée dans le Christ, les germinations évangéliques. Le blé qui lève. Ce sont les rencontres avec tous ceux qui cherchent à tâtons le visage de Dieu, les dialogues avec les catéchumènes dont certains témoignages et les lettres qu'ils m'adressent sont parfois dignes des pages des Actes des apôtres, les communautés, dont l'humble charité au quotidien est semence d'Evangile dans un univers sécularisé, les vocations que Dieu nous donne… Le blé qui lève, c'est aussi nous-même, ce que Dieu fait en nous plus que ce qu'Il nous donne de faire.