Magazine Journal intime

Chronique d'une déshumanité # 1

Publié le 03 décembre 2009 par Didier T.
Le livreur était passé en fin de mâtinée.
Un colis en provenance des Etats-Unis.
« C’est pas croyable ce qu’on peut trouver sur le Net », songea Alex, « Ce truc est prohibé en France mais il m’a suffi de deux clics pour me le procurer ».
Alex vérifia que personne ne l’observait. Puis il referma la porte, donna un puis deux tours de clé.
Enclencha la chaîne de sécurité.
Jeta un dernier regard au travers du judas.
Sa respiration s’était encore accélérée. S’il se faisait prendre avec ça… il n’osait même pas imaginer les conséquences. Plusieurs fois, il avait reculé, douté, entré ses coordonnées puis tout effacé. Mais l’envie avait été la plus forte. Et à présent, le colis était arrivé.
Il tira les rideaux.
Vérifia que les volets étaient bien fermés.
Essuya son front couvert de sueur.
Le paquet l’attendait, là, sur la table du salon. Il savait qu’une fois ouvert, il serait trop tard. Qu’on le découvre à cet instant précis et il pourrait encore plaider l’innocence. L’erreur de livraison. Son désir de contacter les autorités, pour les mettre au courant. Sa collaboration.
Il tendit la main, effleura du bout des doigts le carton.
Un bruit dans le couloir le fit sursauter.
Un voisin qui sortait ses poubelles.
Ou son chien.
Il valait mieux vérifier.
Alex regagna l’entrée de son appartement. Nerveusement, il colla son œil au judas.
Rien.
Le couloir était désert.
Il avait dû rêver.
Mais non. À nouveau, le même bruit. Comme un claquement. Une sorte de frottement. De raclement. La minuterie s’enclencha. Il perçut distinctement le bruit de l’ascenseur. Quelqu’un montait. Quelqu’un ou quelque chose.
Alex passa la main sur son visage.
Dans ses cheveux.
Il était nerveux.
Commander ce truc avait été de la folie.
Il devait s’en débarrasser à tout prix.
S’en débarrasser avant qu’il ne soit trop tard.
Sans réfléchir, il se rua dans le salon, se saisit le paquet et ouvrit la porte.
L’ascenseur était deux étages en dessous de lui.
Pas de temps à perdre.
Alex fixa les deux autres portes de son étage. Derrière l’une d’elle se trouvait sa mère. Pauvre petite femme percluse de rhumatismes. L’autre, en revanche... Des jeunes. Sans doute dépravés. Il n’y avait qu’à voir la manière dont la fille s’habillait. Quant à l’homme... Un fumeur.
Alex déposa le paquet devant leur porte, sur le paillasson. Bien en évidence.
Puis il retourna s’enfermer chez lui, dans son appartement.
L’œil vissé au judas, il regarda les agents les emmener.Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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