Je ne vais pas assez souvent sur le blog de Cuné. J’en sors chaque fois avec des complexes, car je ne comprends pas comment elle peut lire à une telle cadence. Et bien lire : ses notes de lecture en témoignent. Elle peut, en plus, bien écrire, car ses comptes-rendus sont toujours originaux, personnels et bien rédigés.
J’aime bien Cuné, car elle est la première de la blogochose à m’avoir dit que j’existais : je n’oublierai jamais le papier qu’elle a publié lors de la sortie de mon premier roman « Le Vertige des auteurs », à l’époque où j’étais complètement inconnu. Tellement inconnu que j’étais encore plus inconnu que je ne le suis maintenant.
Cuné a quitté Cabourg et j’en suis marri. Moi aussi, je passais mes vacances à Cabourg. Et elle m’y a reçu un jour de façon délicieuse. N’allez pas y voir quelque copinage : c’était bien après que j’aie publié mes quatre premiers livres, qu’elle avait chaleureusement salués. Il y avait même si peu de copinage qu’elle n’a pas aimé le roman qui est sorti peu après cette rencontre, (Le film va faire un malheur).
Non seulement Cuné lit, écrit et sert d’inoubliables zakouskis aux auteurs en détresse, mais elle voyage sur la blogochose. Elle y voyage avec rigueur et curiosité, puisqu’elle répertorie tous les blogs littéraires qu’elle croise en chemin.
Et encore, elle n’a compté que les blogs de lectrices (et lecteurs, car il arrive aussi aux hommes de partager leurs émois littéraires). Des blogs comme le mien et ceux de quelques autres amis auteurs ne font pas partie de la liste, car leur objet principal n’est pas de chroniquer les livres d’autrui, même si ça leur arrive aussi.
Il y a donc en France 546 personnes qui lisent en se disant « Je vais en parler sur mon blog ». Cette idée me trouble. Il m’arrive de faire des billets sur mes lectures, mais c’est toujours après. Ah bah, me direz-vous, évidemment, il ne manquerait plus que ça ! Je veux dire que c’est une fois le livre refermé que j’envisage d’écrire un billet. Il y a beaucoup de bons livres dont je n’ai pas envie de parler, car je ne saurais qu’en dire. C’est trop riche, trop confus. Notamment les livres que je lis et relis. Je n’ai toujours rien écrit sur Kipling, sur Borges, sur Baudelaire, sur Banville, sur Apollinaire et quelques autres.
De toutes façons, il doit bien avoir, dans les 546 blogs, quelques billets qui pensent exactement comme moi. De quoi j’aurais l’air ? Si les auteurs se mettent à plagier les blogueurs, où va-t-on ? Moi je vais me coucher : je suis debout depuis 5 heures du matin : mon roman a beaucoup avancé. Demain, j'effacerai ça.