Cette série date un peu, certes. Et sa "mythologie" peut sembler un peu complexe de prime abord - bon, je l'admets, même moi qui ai suivi toute la série suis parfois paumée. Mais Le Caméléon (en VO, The Pretender) reste une excellente série, révolutionnaire en son temps (1996-2000) et encore d'actualité sur bien des sujets.
Une brève présentation du thème de la série, tout d'abord: Jarod a été enlevé à sa famille quand il n'était qu'un enfant par une organisation nommée le Centre, qui a son siège à Bluecove, dans le Delaware. En effet, Jarod est un petit génie très doué pour se mettre dans la peau des autres (d'où le titre, le Caméléon ou the Pretender, "celui qui fait semblant"), et le Centre l'emploie pour des "simulations" aux buts divers mais qui ont toutes en commun de leur rapporter de l'argent (même s'ils font croire à Jarod que leur objectif est de sauver des vies).
Mais le petit Jarod grandit et comprend que ses simulations sont mal utilisées, et qu'il n'aura jamais droit à sa liberté. Il s'enfuit donc, et la série montre sa découverte émerveillée du monde, ainsi que ses tentatives de se racheter pour le mal que le Centre a pu faire grâce à lui. Son "mode opératoire" est, en général: repérer une injustice dans les journaux, arriver sur place en se faisant passer pour quelqu'un d'autre, découvrir la vérité et confondre le coupable en le menaçant de la même façon qu'il a fait souffrir ses victimes. Tout ça, en recherchant sa famille sur la base de maigres indices.
Pendant ce temps, le Centre tente bien sûr de le récupérer, avec une équipe de choc composée de Melle Parker, fille du dirigeant du centre qui a quasiment grandi avec Jarod ; Sydney, le psychologue qui s'est occupé de Jarod pendant ses années au Centre ; et Broots, un informaticien trouillard.
Voilà pour l'idée générale.
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L'épisode dont je vais vous parler est le 5ème de la saison 4: La folle équipée (en VO: Road trip). Il est un peu à part autant dans la partie sur Jarod (qui n'a pas, comme habituellement, une mission définie pour redresser les torts, mais se laisse plutôt entraîner par une tornade nommée Zoey), que dans celle sur le Centre (on suit le jeu de piste de Jarod qui mène Melle Parker, Sydney et Broots dans un remake du Magicien d'Oz et dans leur propre passé).
Jarod, entre deux "pretends", est tranquillement assis au comptoir d'un restaurant quand une jeune femme débarque, affolée, fuyant manifestement quelqu'un. Elle embrasse Jarod pour se cacher de son poursuivant, avant de s'enfuir en voiture... avec ce dernier, qui comme d'habitude se mêle des affaires des autres et veut les aider à tout prix.
La jeune femme en question, Zoey, va l'entraîner sur la route à travers moult péripéties, et notamment le présenter à sa famille comme son mari ingénieur en aéronautique... Les deux jeunes gens tombent bien entendu amoureux, mais les différentes révélations sur Zoey évitent que l'intrigue soit cousue de fil blanc.
Pendant ce temps, Melle Parker, Sydney et Broots courent à travers le pays dans un jeu de piste orchestré par Jarod, qui leur offre à chacun un objet perdu de leur enfance qui leur rappelle des souvenirs sur leur foyer.
/! SPOILER /! (sélectionner le passage avec la souris pour lire)
Pour Broots, il s'agit un 'GI Joe' qui lui a "sauvé la vie" pendant une longue hospitalisation solitaire ; pour Sydney, c'est un vieux disque de la chanson préférée de sa mère, seul vestige que lui et son frère aient retrouvé intact dans leur maison bombardée, au retour des camps de concentration ; et pour Melle Parker, un dé à coudre représentant le pion de Monopoly qu'elle avait lors d'une partie avec ses parents lors d'un orage violent, l'un de ses rares souvenirs en famille.
Jarod convainc finalement Zoey de rester avec sa famille, et est obligée de partir. Quant à Melle Parker et Cie, ils découvrent le message final de Jarod: "Rien ne vaut la chaleur d'un foyer. Tout le monde mérite d'en avoir un, alors laissez-moi tranquille pour que je puisse trouver le mien" (en VO: "There is no place like home. Everyone deserves one, so why don't you leave me alone and let me find mine").
En gros, cet épisode est à la fois tout à fait différent du schéma d'épisode "classique" du Caméléon (pour les raisons énoncées plus haut), et très représentatif de l'esprit de la série: Jarod aide quelqu'un dont il ne sait rien, endosse plusieurs identités, est confronté à des situations inconnues à cause de son "absence d'enfance" ; il mène le Centre par le bout du nez et sème des indices qui ont pour but d'écarter Parker, Sydney et Broots de sa piste, mais leur font en même temps découvrir des choses sur eux-mêmes (la réapparition d'objets perdus est en quelque sorte devenue sa spécialité)... et la nature pesante de sa fuite permanente est doublement mise en valeur, par le déchirement qu'il ressent en quittant Zoey après l'avoir aidée, et par sa demande aux allures de supplique: "laissez-moi tranquille pour que je puisse trouver mon foyer".