degré V, XX (19)
Publié le 05 décembre 2009 par Moinillon
Telle était la conduite, tels
étaient les sentiments et telles étaient les paroles de ces saints pénitents
qu'on envoyait à la Prison. À force d'être à genoux, ils avaient recouvert
cette partie de leur corps d'épaisses callosités; leurs yeux, à force de
répandre des larmes s'étaient desséchés, n'avaient plus de cils, et s'étaient
enfoncés dans leur orbite; leurs joues étaient couvertes de plaies et comme
brûlées par leurs larmes embrasées; leurs visages étaient pâles et si maigres
qu'ils ressemblaient parfaitement aux visages des personnes mortes; leurs
poitrines étaient toutes meurtries par les coups répétés qu'ils se donnaient,
et ces coups leur occasionnaient de douloureux crachements de sang. Trouvait-on
dans ce monastère des lits préparés ? Y voyait-on des habits propres et
capables de protéger du froid ? Tout y était déchiré, négligé, sale et rempli
de vermine. Enfin, disons que les tourments de ceux qui sont possédés du démon,
que la douleur cruelle de ceux qui pleurent la mort de leurs proches, que les
déchirements de cœur de ceux que l'on condamne à l'exil, que les supplices
mêmes des parricides ne sont qu'une faible image des douleurs, de l'affliction
et des souffrances de ces saints pénitents; les peines que ces sortes de gens
endurent par nécessité ne sont rien en comparaison de celles que ces généreux
pénitents souffrent volontairement; et n'allez pas vous imaginer, mes frères,
que je vous raconte ici des choses fabuleuses et mensongères; c'est la vérité
tout entière. saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la véritable et
sincère Pénitence»