aux quatre vents

Publié le 07 décembre 2009 par Cecileportier


Elle doit prendre le RER tous les matins.
Dans le long couloir de correspondance, ses pas la portent et sa pensée s'envole. Son regard frôle les affiches publicitaires, se lasse, revient sur les visages croisés. Tous différents, pourtant tous comme déjà vus.
Mais ce déjà vu n'est pas une lassitude de plus : c'est l'étonnement, plutôt, de reconnaître toujours dans le visage inconnu une familiarité qui dément l'anonymat.

Elle compte : dans ce long couloir de correspondance, en moins d'une minute plus de deux cent visages croisés. Deux cent corps marchant vers elle dans un flux incessant, la dépassant. Deux cent vies frôlées. Elle n'avait jamais senti cela, cette présence commune.  
Elle imagine les trajets des uns et des autres, jusqu'à leur travail, jusqu'à leur journée. Elle rêve à la dissémination.