Vu l'extraordinaire docu fiction sur l'affaire Courjault hier soir
sur France 3.
On a beaucoup parlé du travail remarquable effectué par le réalisateur et son équipe, Jean-Xavier de Lestrade,
oscarisé avec son Coupable idéal et dont la réputation de sensibilité rigoureuse n'est plus à faire. Beaucoup commenté également le caractère hors du commun de cette affaire, où une jeune
femme, Véronique Courjault, maman de deux garçons, était jugée pour le meurtre de trois de ses bébés.
Le film est passionnant car il reconstitue à la virgule, au soupir prêts, les moments les plus
forts de ce procès qui s'est tenu en juin dernier devant la Cour d'Assises d'Indre et Loire.
Mais ce dont on a moins parlé, et qui m'a frappée durant ce film, c'est l'élégance et le courage du père.
Jean-Louis Courjault a choisi de faire confiance à Jean-Xavier de Lestrade et il a eu raison. Incarné
par un comédien (Gaëtan Vassart, remarquable, comme Alex Poisson pour le rôle de Véronique) pour les séquences du procès (l'équipe n'a pas été autorisée à filmer les débats), il a accepté toutefois
d'être interviewé et de revenir ainsi sur ce qui, dans la vie d'un homme, ressemble fort à un Tsunami.
Voilà un type qui a découvert, en 2006, dans son congélateur, deux nouveaux nés ; qui a appris deux jours plus tard, après test ADN, que ces bébés étaient de lui ; à qui sa femme finit par avouer
que c'est elle qui les a enfantés, avant de les étouffer ; et qui découvrira enfin qu'un troisième nourrisson a été tué. Il a éprouvé de la colère, il s'est posé mille questions, sur son incapacité
à ne pas découvrir les grossesses de sa femme, la dépression possible de celle-ci, les conséquences pour leurs fils…Il aurait pu la haïr, la fuir, s'enfermer dans le malheur, le silence. Et il a
choisi de parler. De tout. Sa vie privée a été étudiée dans ses moindres zones d'ombre, ses relations avec Véronique auscultées dans les moindres recoins de leur chambre à coucher, et il
encaisse.
Elle a pris huit ans. C'est peu. Il le sait. Il est content. Ses fils retrouveront probablement en 2010 leur maman, jugée coupable, mais malade, et obligée de se soigner.
Les derniers mots du film reviennent à cet homme impressionnant de dignité : "L'important, dit-il, c'est le bonheur. Les petits bonheurs, en famille, avec Véronique, tout simplement."