Magazine Journal intime

La Génération X, la génération sacrifiée

Publié le 09 décembre 2009 par Suzywong
   Retourner sur les bancs d’école, c’est ce que j’ai de mieux à faire. J’ai trente-sept printemps, de ce fait je suis un X. Jadis, j’ai réussi mon Bac avec brio. Mais pourtant, en janvier, je vais entreprendre un DEC dans un domaine épargné par les Boomers : les technologies de l’information et des communications. Je ne veux pas attendre jusqu’à mes quarante ans, m’accrocher plus longtemps à ma maîtrise en me disant que le vent va finir par tourner du bon bord. Voyez-vous, depuis ma maîtrise en sciences sociales, je subsiste de contrats en listes de rappel, en charges de cours et qu’avec autant de chandelles sur mon gâteau d’anniversaire, je ne peux plus me permettre de vivre dans l’espoir de voir les voir prendre leur fichue de retraite.
   Je n’ai pas encore un pied dans ma formation qu’on m’offre déjà un poste. Dès que je serai diplômé, je travaillerai. Eh oui ! Dans les technologies de l’information et des communications, les boomers y sont beaucoup moins nombreux. Mieux encore, les opportunités d’emploi sont majoritairement à la volonté et à la qualité du travailleur, et non pas simplement à une question d’ancienneté et de clauses syndicales. Ainsi, j’ai fini de souffrir l’idéologie «babyboomeresque», celle qui a crée la sécurité d'emploi pour mieux écraser son postérieur sur sa chaise.
   Est-ce que j’en veux aux boomers parce qu’ils sont nés nombreux ? Non. Ma rancœur tient au fait qu’ils se sont dotés de mesures diverses faisant en sorte qu’ils puissent tirer toute la couverte de leur côté, sans nous laisser la chance de profiter des mêmes possibilités qu’eux. Ils ont négocié les conventions collectives à leur avantage (les clauses orphelins), ce qui fait que les employés avec beaucoup d’ancienneté (en l’occurrence les boomers) ont tous les privilèges alors que ceux qui commencent ne pourront pas accéder aux mêmes prérogatives. J’en veux à la génération des boomers parce qu’elle a créé un gouvernement pour exaucer ses propres besoins et, son âge d’or venant, elle a organisé la relève pour elle-même en s'assurant de former de bons travailleurs dans le seul but de payer leur grosse pension. Par conséquent, ma génération s’est retrouvée coincée aux échelons inférieurs d’emploi et bien entendu avec des salaires plus faibles. Je leur en veux de ne pas avoir calculé leur projet de société au niveau du long terme, car les infrastructures que les boomers ont construites nous tombent toutes dessus les unes après les autres. Je leur en veux parce que le fardeau que notre société aura à porter est celui d'une génération qui a pris sans penser même si elle a ouvert la voie à l'assurance-maladie, l'assurance-emploi, l’assistance sociale, sans oublier l'accès à tous à la scolarité par les prêts et bourses.

   C’est amusant pareil la vie. À vingt ans, je reprochais aux boomers ce qu’eux-mêmes nous reprochent par les temps qui courent, soit l’égocentrisme et le matérialisme. D’ailleurs, je les ai toujours trouvé bien froussards face à l’avenir. Ils ont beau être permanents, ils ont continuellement la chienne de perdre leurs acquis. Pas le cas de notre génération. Nous, nous sommes habitués à vivre ce genre de situation, à perdre nos emplois. La preuve qu’ils sont couards, ils ont fait peu d’enfants mais ils avaient des revenus assurés. À moins que cette dépopulation fut suscitée davantage par vanité. Après tout, les boomers que je connais ne pensaient qu’à avoir le plus beau char, la plus grosse cabane, le gazon le plus vert, un troisième chalet et un bon six mois en Floride chaque année.


Retourner sur les bancs d’école, c’est ce que j’ai de mieux à faire. J’ai trente-sept printemps, de ce fait je suis un X. En m’y réexpédiant, j’aurai moi aussi la chance d’avoir le plus beau char, la plus grosse cabane, le gazon le plus vert, un troisième chalet et un bon petit mois à Hawaï chaque année.

Retour à La Une de Logo Paperblog