Magazine Journal intime
Tourments 1944 de Alf Sjoberg sur un scénario de Ingmar Bergman
Les acteurs sont d'un naturel très agréable, la fille m'a tout de suite fait penser à Emily Blunt, cette bouche et ces petites moues, c'est fou comme elle m'y a fait penser. Et le garçon est tout mignon et ses transformations entre bon élève à élève traumatisé puis paria et enfin homme libéré sont très intéressantes.
Ce que j'en ai pensé
Et les petites perles de dialogues :
"Je crois que les élèves ont peur de vous.
- Ça ne leur fait pas de mal.
- Vous ne leur enseignerez jamais rien de cette manière.
- Ah bon?
- Ce que je veux dire, c'est que vous devriez essayer d'être plus gentil. Ils sont pas méchants. Paresseux, c'est certain. Mais ce sont de braves garçons. Du moins je le pense. Nous ne faisons pas un métier facile, c'est vrai. Faire des compromis
simplifierait la tâche. Ne faisons pas des ennemis de nos élèves. Ce métier
est déjà bien assez éprouvant.
- Je les terrorise, hein?
- J'ai pas dit ça.
- Où voulez-vous en venir?
- J'estime qu'un érudit comme vous ne devrait pas se faire respecter par la crainte."
"Vous souciez-vous d'eux? Un professeur doit se soucier de ses élèves car dans le cas contraire, sa vie a-t-elle un intérêt?"
"Notre métier est une vocation. C'est une disposition, une attirance innée. Vous vous trompez en croyant que vos diplômes et vos années d'ancienneté font de vous un professeur. Car vous ne connaissez pas vos élèves! II existe ce qu'on appelle le coeur et la joie, la gentillesse et la compréhension. Mais vous n'en avez même pas de quoi nourrir une puce.
Si encore vous étiez un spécimen unique... Mais il existe dans chaque école et ailleurs, des gens comme vous. Vous n'êtes qu'un bourreau de l'humanité!"
"En tant que docteur, je suis confronté aux désagréments de la vie scolaire. Des individus maigres et difformes... Disproportionnés, tordus, décharnés, faméliques et surmenés... Poitrines caves, yeux fatigués de lire, anémie, vies sexuelles compliquées... Mais ça ne m'étonne pas, vous savez. Ils ont le derrière posé de 8 heures du matin à 4 heures de l'après-midi. Après ça, ils ont des devoirs à faire. A quoi ça rime? Les programmes sont toujours plus astreignants, les professeurs deviennent des spécialistes bornés. Si les élèves devaient tout apprendre, ils seraient bons pour l'asile.
Mais ils ne s'en laissent pas conter. Ils font de leur mieux, à l'aide de quelques supercheries. S'ils sont toujours en si bonne forme, c'est qu'ils savent faire preuve de fainéantise.
- Vous encouragez la tricherie et l'absentéisme?
- Bien sûr que non. Mais c'est navrant que les élèves y soient poussés pour éviter l'épuisement."