Je suis une star !

Publié le 20 novembre 2009 par Clarac
Oh lala, accéder à la notoriété n’est pas une chose aisée, croyez-moi.
Hier midi, plongée sous ma couette et tirée à bout de bras par Morphée, je ne m’attendais pas du tout à ce que mon mari, d’un air guilleret, m’apporte une lettre :
-Tu as du courrier !
-Ah…
Du courrier, mais j’en reçois comme tout le monde quand même : les factures, les impôts, mon assureur qui m’informe gentiment de l’augmentation annuelle de mon contrat. Bref, de la lecture passionnante qui me fait émettre des grognements et au mieux des soupirs d’exaspération.
« Nous avons sélectionné votre nouvelle » … là, j’ai dû au moins lire trois fois cette phrase. De une, pour que mon cerveau récupère cette information et que de deux, il la décode. La troisième lecture à haute voix était pour mon mari qui trépignait sur place en répétant « alors, alors ? ».
Après tout a été très vite…Les coups de téléphone des maisons d’éditions qui me veulent toutes, des lecteurs assidus rentrés chez moi par je ne sais quel moyen, et qui squattaient mon salon pour avoir une dédicace. La folie totale !
La réalité est un peu différente, mais que très, très légèrement. Le téléphone a en effet sonné et j’ai eu le droit à des félicitations sincères de la part d’amies. Les fifilles sont rentrées de l’école : tu peux signer mon évaluation d’anglais ? M’man, j’ai besoin que tu signes ca pour le théâtre.
Mais ni hier, ni aujourd’hui, il n’y a pas eu de cohorte de journalistes devant ma porte ou d’émeutes de fans. Heureusement car j’aurais été bien embêtée. Ben oui ! Tout rassemblement de personnes devant être signalé à la Mairie et à la Police , j’aurais été en infraction. Pire, une hors la loi !
J’ai voulu partager ma joie avec ceux qui m’ont donné la vie : mes parents ! Et là, grave erreur, j’ai provoqué sans le savoir l’effondrement de mon petit nuage sur lequel j’étais assise confortablement. Et toi, Dieu, t’étais où quand on m’a conçu puis mise au monde ? Par hasard, t’aurais pas oublié de mentionner à mes parents le fait qu’ils devaient de temps en temps encourager leurs enfants, hein ? Et qu’ils devaient peut-être aussi se demander ce que fait leur fille, et non pas la météo à Brest ?
Vous voyez rien n’a changé…
Mes deux bacs à linge en attente de repassage sont empilés dans un coin et le resteront encore. J’ai toujours envie de me mettre sérieusement à mon projet d’écritures de nouvelles (enfin, un peu moins depuis que j’ai eu que mère au téléphone) . Mes douleurs ne se sont pas envolées et oui, triple zut, impossible d’aller voir tout à l’heure « en vrai » Erik Orsenna. Et puis, il y a la grande question métaphysique qui fait tourner ce monde et qui m’obsède « que faire à manger pour le repas de ce soir? ».