J'ai vécu ici en 1999. Erreur de jeunesse, j'avais suivi le courant d'une rivière de connerie qui m'avait fait dériver loin de moi, le torrent informatique, on va dire, la crue du cash moron, l'inondation des bulles télé-connes. Bref, j'y avais été très malheureux parce qu'incompris, en particulier de moi-même. Jamais je n'aurais cru y remettre les pieds et à vrai dire j'ai même songé passer plutôt par la grande bétonnade d'Esen-Dortmund-Dusseldorf (horreur !), juste pour éviter cette terre fétide et lugubre.
Quelle n'est donc pas ma surprise de prendre cette culture par l'autre bout, c'est-à-dire d'y entrer en douce, à vélo, et par ses couloirs les plus lents et modestes. Bref, je découvre un peuple insoupçonné, marrant, sympa, généreux, adorable, en fait. C'est bien la millième fois au cours de ce voyage que les événements tentent de me montrer à faire le tour de la question lorsque je fais face à un mur. Je finirai bien par apprendre dans ma chair cette évidence qu'occulte l'Amérique :
La ligne droite est rarement le chemin le plus court © Éric McComber