Après être demeuré un mois
dans le monastère de la Prison, comme, à cause de mon indignité, on ne devait
pas m'y supporter, je retournai au grand monastère, et j'allai trouver le saint
abbé qui y présidait. En me voyant tout autre qu'il ne m'avait vu auparavant,
et, par la pénétration de son esprit, s'apercevant bien de l'étonnement et de
l'admiration où j'étais, il comprit facilement quelle était la cause de ma
stupeur et de mon ravissement. Il me dit donc : «Eh bien, mon cher père Jean,
qu'avez-vous donc ? Avez-vous bien examiné les combats, les travaux et les
exercices de nos pénitents ? — Oui, mon Père, lui répondis-je, je les ai vus et
admirés; et j'estime plus heureux ces hommes qui sont tombés, mais qui pleurent
et expient ainsi leurs fautes, que ceux qui ne sont pas tombés, et qui ne
pensent pas à pleurer; car en se relevant ainsi, ils se mettent heureusement
dans le cas de ne pas retomber. — Vous avez raison», me répartit-il.
saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la véritable et
sincère Pénitence»