Photo : dirty black nails, une fille, Hong Kong, 12 décembre 2009Décembre en Asie, décembre à Hong Kong, on pourrait être en Grèce un soir, le temps est doux, très doux, on peut s’asseoir sur les marches en pierre de l’amphithéâtre, sur le grand écran un film va être projeté.Un film en noir et blanc, presque muet, nouvellement restauré comme Jacques Tati l’aurait voulu en 1978 soit-disant, Les vacances de Monsieur Hulot.Après le film, DJ Oof mixe. Il mixe de la musique et en même temps sur l’écran, les images des Vacances de Monsieur Hulot s’enchaînent, se répètent, se transforment, se déforment, se reforment.Tous les fauteuils en face de l’écran ont été désertés. Je suis seule avec juste devant le garçon aux ongles noirs.Non, il n’a pas peint ses ongles avec du vernis noir. Il a juste les ongles très sales, une sorte de graisse ou d’huile de vidange les a investis. D’ailleurs son corps dégage une odeur âcre, un peu l’odeur d’un chien mouillé, un peu l’odeur d’un garçon qui a transpiré dans des vêtements en laine pas adaptés à la douceur du temps ce soir-là à Hong Kong. Il porte un pull gris, dessous son tee-shirt vert dépasse, d’ailleurs ce tee-shirt est assorti à la canette de bière Carlsberg qu’il boit tout doucement, aux pieds des caterpillars, sinon un jean qui marque la finesse de son corps d’adolescent. Quel âge a t-il ? 25 ans peut-être, le bel âge, peut-être plus jeune même.J’ai vue sur ses cheveux blonds foncés ébouriffés. Pas savamment ébouriffés, ébouriffés parce qu’il ne doit pas les peigner. Il ne passe pas non plus la main dedans. Ni sur sa barbe de trois jours. Pas une barbe de trois jours savamment taillée pour être à la mode. Non, une barbe de trois jours parce qu’il a autre chose à faire que de se raser devant la glace le matin. Il pue, il a les doigts sales et c’est excitant.De temps en temps il tripote son téléphone Nokia. Mais pas trop souvent. C’est quoi ton numéro ?Au poignet gauche, qu’il a très fin, pas de montre Rolex, mais un fil noir ou plutôt un élastique noir. Pour quoi faire, mystère.Il lit la documentation en anglais posée à côté de lui. Tu n’es donc pas de France. D’où viens-tu ? Un pays du nord de l’Europe ? L’Angleterre ? L’Australie ? Comment tu t’appelles ? Pourquoi tu as les ongles noirs ?J’ai pensé à ce que donneraient des ongles noirs sur une peau blanche et propre. J’ai pensé au style de ma petite culotte. J’ai réfléchi à ce que j’avais décidé le matin. J’ai pensé que ce n’était pas du coton pourri pour une fois mais une dentelle noire avec des cœurs bon marché. J’ai pensé que le soutien gorge n’était pas du tout raccord mais que les garçons comme toi n’y prêtaient pas beaucoup attention.Et puis mes pensées ont bifurqué vers la teneur du désir féminin. On pense à tort que les femmes aiment le lisse, le propre, le net, or le désir arrive, quand il est féroce et non calculé, avec du sale, des effluves de transpiration, des poils qui dépassent, du négligé, du grunge.Malheureusement, bien souvent, le désir est un calcul logique.Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu
Jacques Tati à Hong Kong & (R)Eveil de la sexualité
Publié le 13 décembre 2009 par Didier T.Photo : dirty black nails, une fille, Hong Kong, 12 décembre 2009Décembre en Asie, décembre à Hong Kong, on pourrait être en Grèce un soir, le temps est doux, très doux, on peut s’asseoir sur les marches en pierre de l’amphithéâtre, sur le grand écran un film va être projeté.Un film en noir et blanc, presque muet, nouvellement restauré comme Jacques Tati l’aurait voulu en 1978 soit-disant, Les vacances de Monsieur Hulot.Après le film, DJ Oof mixe. Il mixe de la musique et en même temps sur l’écran, les images des Vacances de Monsieur Hulot s’enchaînent, se répètent, se transforment, se déforment, se reforment.Tous les fauteuils en face de l’écran ont été désertés. Je suis seule avec juste devant le garçon aux ongles noirs.Non, il n’a pas peint ses ongles avec du vernis noir. Il a juste les ongles très sales, une sorte de graisse ou d’huile de vidange les a investis. D’ailleurs son corps dégage une odeur âcre, un peu l’odeur d’un chien mouillé, un peu l’odeur d’un garçon qui a transpiré dans des vêtements en laine pas adaptés à la douceur du temps ce soir-là à Hong Kong. Il porte un pull gris, dessous son tee-shirt vert dépasse, d’ailleurs ce tee-shirt est assorti à la canette de bière Carlsberg qu’il boit tout doucement, aux pieds des caterpillars, sinon un jean qui marque la finesse de son corps d’adolescent. Quel âge a t-il ? 25 ans peut-être, le bel âge, peut-être plus jeune même.J’ai vue sur ses cheveux blonds foncés ébouriffés. Pas savamment ébouriffés, ébouriffés parce qu’il ne doit pas les peigner. Il ne passe pas non plus la main dedans. Ni sur sa barbe de trois jours. Pas une barbe de trois jours savamment taillée pour être à la mode. Non, une barbe de trois jours parce qu’il a autre chose à faire que de se raser devant la glace le matin. Il pue, il a les doigts sales et c’est excitant.De temps en temps il tripote son téléphone Nokia. Mais pas trop souvent. C’est quoi ton numéro ?Au poignet gauche, qu’il a très fin, pas de montre Rolex, mais un fil noir ou plutôt un élastique noir. Pour quoi faire, mystère.Il lit la documentation en anglais posée à côté de lui. Tu n’es donc pas de France. D’où viens-tu ? Un pays du nord de l’Europe ? L’Angleterre ? L’Australie ? Comment tu t’appelles ? Pourquoi tu as les ongles noirs ?J’ai pensé à ce que donneraient des ongles noirs sur une peau blanche et propre. J’ai pensé au style de ma petite culotte. J’ai réfléchi à ce que j’avais décidé le matin. J’ai pensé que ce n’était pas du coton pourri pour une fois mais une dentelle noire avec des cœurs bon marché. J’ai pensé que le soutien gorge n’était pas du tout raccord mais que les garçons comme toi n’y prêtaient pas beaucoup attention.Et puis mes pensées ont bifurqué vers la teneur du désir féminin. On pense à tort que les femmes aiment le lisse, le propre, le net, or le désir arrive, quand il est féroce et non calculé, avec du sale, des effluves de transpiration, des poils qui dépassent, du négligé, du grunge.Malheureusement, bien souvent, le désir est un calcul logique.Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu