Magazine Journal intime

Quand Gilles, Bruno et Emery bloguent la notion d’extimité prend toute sa grandeur

Publié le 14 décembre 2009 par Stephane Zibi

Comme beaucoup j’ai lu et suivi, silencieusement et sans trop comment tout d’abord réagir, les témoignages tirés de leur vie quotienne qu’ont écrit ces derniers jours Gilles Klein , Bruno Walther et Emery Doligé.

Ce courage d’écrire sur des événements très personnels est quelque chose de fort. Gilles, Bruno et Emery s’expriment très régulièrement sur leurs blogs, leurs comptes Twitter ou dans différentes conférences. Ils ont donc constitué une réelle communauté de suiveurs toujours attentifs à leurs propos (dont je fais parti comme vous pouvez l’imaginer).

Un jour et pour chacun, au milieu de tweets ou posts habituels, une histoire forte, grave, voire même tragique s’offrait à nous.

De la naissance inattendue d’un petit garçon car venu bien plus tôt que prévu, à la maladie d’une jeune enfant et jusqu’au décès brutal d’un jeune père de famille nous nous retrouvons face à un écran, sans réaction avec juste peut être l’envie d’aller vers eux pour les réconforter, leur parler, leur demander si on peut être utile mais bon en gros en restant finalement globalement impuissant face à ce qu’ils leur arrivent.

Je me suis posé la question pourquoi nous étions aussi touchés, vu le nombre de réactions sur leurs blogs, pour des récits de personnes que l’on ne connaissait pas tant que ça finalement si on calcule le nombre de fois que nous nous sommes croisés dans la vraie vie.

Au départ, pour avoir des nouvelles de quelqu’un que l’on soit ami ou pas, nous devions passer la porte et franchir ainsi son intimité. La lettre, dans sa boîte, symbole de la correspondance, permettait d’avoir des nouvelles de l’autre. Elle restait tout de même derrière cette porte formant ainsi une véritable barrière pour certains difficilement franchissable.

Le mail, le mobile (avec le SMS en particulier) depuis quelques années ont permis de la franchir plus facilement et de faire évoluer les correspondances mais chacun reste libre d’interroger (ou pas) sa messagerie.

Dans ces deux cas (lettre, mail/SMS), nous devions tout de même avoir un lien assez fort pour partager tel ou tel événement avec l’autre.

Pour revenir à ces trois histoires, nous sommes donc face à la plus belle forme extimité, où face à des situations dures et des moments où le besoin des autres peut être important, trois hommes se livrent sans exhibotionnisme mais sans retenue exprimant ce qu’ils vivent et ressentent pour certains minute par minute.

Nous n’avons donc plus besoin d’interroger pour avoir des nouvelles des autres, elles viennent directement à nous.

En reproduisant ce que le psychanalyste Serge Tisseron disait dans l’Intimité Surexposée dès 2001, c’est à dire bien loin de Facebook et de Twitter je trouvai donc un début de réponse à ma question ci-dessus : “Je propose d’appeler “extimité” le mouvement qui pousse chacun à mettre en avant une partie de sa vie intime, autant physique que psychique. Ce mouvement est longtemps passé inaperçu bien qu’il soit essentiel à l’être humain. Il consiste dans le désir de communiquer sur son monde intérieur…”.

Cette définition marque de façon claire, pour moi, que nous avons tous crée depuis maintenant quelques années chacun une forme de mini système solaire. Grâce aux blogs, aux réseaux sociaux et à Twitter, qui ont permis d’accélérer et motoriser cela, chaque personne de notre entourage peut être une planète avec soit-même comme “soleil” ou planète centrale dudit système. Ces planètes étant plus ou moins grosses et/ou éloignées pour montrer l’importance des personnes de votre entourage.

Maintenant libre à chacun de faire briller plus ou moins fortement son “soleil” en communiquant plus que moins sur des sujets personnels ou pas. Dans ces cas là, écrire reste une forme de thérapie comme depuis tous temps. Mais à travers un mot, un témoignage glané sur un commentaire ou un reply ou un retweet sur Twitter,  un peu de réconfort pourra être gagné, ce qu’un livre ne permettrait pas tout à fait d’avoir ou alors de façon asynchrone.

Je ne dis pas que jamais je ne ferai comme Gilles, Bruno et Emery, même si j’ai beaucoup de mal à priori à parler de choses personnelles, mais je peux juste dire que les lire m’a donné envie comme tout le monde de leur écrire, de leur montrer un peu que nous étions avec eux dans ces moments et que nous pensions bien à eux et qu’il n’y avait plus de honte ou de gène à partager ses sentiments quels qu’ils soient.


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