Elle est grande, aux formes bien arrondies, toujours proche de ses petites sœurs et elle m’agace. Elle me suit partout, comme un petit toutou et elle m’énerve, elle m’énerve, elle m’énerve ! Toujours fidèle, elle me colle au corps, elle me réchauffe parfois mais ne manque pas de piquant. J ‘appréhende souvent son contact, j’hésite à la toucher. Je sais bien qu’elle est à mon service, que sans elle, je suis bien embarrassée mais je m’en méfie avec tant de force ! Pour couronner le tout , elle est célèbre, bien plus que moi, tout le monde la connaît. De temps à autre, elle prend une doublure, lorsqu’elle veut percer, un sosie parfait qui œuvre en arrière plan. Elle me tend des pièges.
Tiens ! L’autre jour, je l’ai emmenée au cinéma, histoire de me changer les idées. C’est elle qui portait mes billets et elle n’a rien trouvé de mieux que de les froisser ! J’avais bonne mine lorsque je les ai présentés à l’hôtesse. Elle veut bien faire et elle emmagasine de trop, elle va craquer, je le sens.
Elle fait beaucoup trop confiance à l’entourage. Certains lui mettent la main au panier et la voici dépouillée. Décidément, je vais devoir l’anéantir, je suis en perpétuel combat avec elle. J’ai beau me raisonner, lui trouver des qualités, elle me cause trop de tracas. Dans mon fort intérieur, je ne la supporte plus. Je la regretterais certainement, qui saura la remplacer ? Elle m’est quand même d’une grande utilité mais tant pis, je l’éliminerais, je ne la supporte plus.
Durant toute la séance, elle est restée collée à mon siège. Je ne disais rien. Nous sommes rentrées à la maison et elle a eu ce qu’elle méritait.
J’ai perdu ma poche, c’est çà qui est moche ! Mon blouson a retourné sa veste, je suis en reste. Où sont mes clefs entre ces doublures égarées ? Comment m’y retrouver dans ce dédale de synthétique troué ? Je fais un tour sur moi même, espérant que ce bout de tissu, pêle-mêle, aura la même idée, me suivra ! … Quel cabot ce fichu en poil de chien ! A la perpendiculaire il s’est figé. Je les entends mes clefs, elles me narguent, jouent à cache-cache. Je les sens même ! Aie.. je me suis cognée contre ce trousseau aux idées mal placées. Il va falloir que je me fâche …
D’un coup sec, je le renverse ce cabotin, lui bloque la respiration et saute dessus. Je l’ai cintré. Il est coincé malin … … avec mes clefs … c’est fichu ! Je ne suis pas plus avancée, la serrure crie aux abois, il ne me reste plus qu’à ciseler pour pénétrer chez moi.
Une poche trouée m’a prise pour un fantoche, de moi s’est jouée, à la poubelle s’est suicidée. J’ai désormais opté pour le sac à main, sachant que je le viderais mon sac, tôt ou tard, et ma vengeance sera identique !