Max | Le flétan, non ça ne pue pas !

Publié le 16 décembre 2009 par Aragon

Dialogue à deux voix...

Voix in :

Elle en a marre, elle n'en peut plus. Trop loin de Paris, trop loin de la vie, trop loin de tout. Et puis, qu'est-ce qu'elle se fait chier ! Mais chier ! Des journées entières de prises de tête. Des heures de débats techniques, eurotechniques, eurocratiques, euromerdiques. Plein le cul. Oui, ras-le-bol ! Elle va crÂÂÂquer !

Voix off :

...Allô, oui, tu m'entends, je ne peux pas trop te parler, faut que j'y retourne, mais si tu savais comme j'en ai marre, mais marre, j'ai l'impression de  puer la morue aujourd'hui... Hi ! Hi ! Hi ! Non, je déconne, mais non, ce ne sont pas mes vêtements. Imagine, depuis 9 h ce matin on en est à ergoter sur les préliminaires qui devraient aboutir, peut-être, si les verts - à ce propos, Hi  ! Hi ! Hi ! Dany le Vert devrait m'offrir du champagne et des fleurs, un jour prochain, trop drôle ma chérie Hi ! Hi ! Hi ! -  si les verts donc, ne ramènent pas trop leurs grandes gueules, au vote d'une résolution législative  proposant le règlement du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 2115/2005 du Conseil du 20 décembre 2005 établissant un plan de reconstitution du flétan noir dans le cadre de l'organisation des pêches de l'Atlantique du Nord-Ouest. Bon, bise ma puce, on se voit bientôt, dès que je peux sauter dans le premier TGV. De toute manière tu te rappelles, on se fait une bouffe au "Findi" le 18, j'ai réservé... Oui, ma puce c'est avenue Georges V. Jean-Bertrand...Mais oui il sera là, il est rentré de Singa...

Voix in :

Elle en a marre, qu'est-ce qu'elle en a marre de ces problèmes de surfaces utiles, de dimensions de boulons, de tailles de poisscailles, de norme des produits dépoussiérants, de l'UHT pour les produits laitiers des Alpes du Sud.

Ben ! Si elle démissionnait ? Pourquoi ne démissionnerait-elle pas ?

Mais enfin, tout arrêter ! T'es malade, t'es un gros malade ! Elle ne va quand même pas laisser la place à Rama, Nath ou Valérie. C'est grisant la politique. Même quand on sait qu'il y a des "bas". Et en ce moment c'est un vrai "bas"-"bas" pour elle. On ne peut pas laisser sa place en politique. Comme au théâtre, comme Maître Poquelin, on est prêt à mourir sur scène. La France, ce n'est qu'un mot, qu'un "concept". On s'en bat les nèfles. Mais la politique. La politique, ah ! La politique. Elle fait tourner les têtes, trop grisant, trop trop trop, la politique. Ils sont tous comme ça, ils et elles sont tous comme ça. En France la politique n'est qu'un moyen. Un moyen de se mettre en scène. Acmé égotique. Paradigme absolu de l'ensemble de l'arsenal narcissique. Saint Grall du nombrilisme. Et puis la monnaie, pas négligeable ! Chaque "politique professionnel" est payé entre 10 et 20.000 € mensuel, sans compter les avantages en nature, les réceptions, l'étourdissement des paillettes, des plateaux télés, et...et...et...et. T'es malade, t'es un gros malade ! Démissionner, pourquoi pas me jeter dans l'Ill tant que tu y es ?

Voix off :

...La morue, le flétan, oui ma puce, je suis prête à en manger des tonnes, avec la peau et les arêtes. C'est trop bon. De toute manière ça me donnera du peps pour la suite, quand je reviendrai à Paris, parce que je reviendrai à Paris, tu me croire ma chérie... Bon, je vais te quitter, je te le redis, n'oublie pas, le " Findi", le 18, bisous ma chérie, tchao, tchao...