Le mal de Mère (#5)

Publié le 20 décembre 2009 par Sandy458

Etre pour soi et pour quelqu’un d’autre.

Puisque la maladie attaquait ses yeux, j’allais y pallier, lisant textes, livres, sous-titres de film avec avidité, vélocité, rage presque lorsque le décryptage se révélait trop difficile.

Puisque la maladie attaquait les muscles, j’allais accomplir tous les gestes pour elle, quasi mère de ma propre mère.

Puisque se déplacer dans le monde extérieur devenait trop délicat, trop difficile à supporter, je ramenais des bribes du dehors pour forcer la vie des valides à ne pas déserter nos murs, là où la vie stagnait puis régressait.

Cette vie que je découvrais avec avidité se révélait finalement dans sa facette de traitrise… mais que m’importait, c’était la vie quand même !

Une pierre aux reflets irisés, les feuilles des arbres tombées à l’automne, une fleur cueillie sur une pelouse d’un parc urbain… ces petits riens permettaient de stopper le cours des choses un instant et d’échanger sur la beauté, le formidable ordonnancement de la vie, la douceur, la fragilité, l’impermanence, finalement…

Mais…

Etre les yeux d’autrui, d’accord !

Etre un lien physique avec l’extérieur, d’accord encore !

Etre le souffle vital pour soutenir celui qui se fait si ténu, comment faire ?

Comment faire ?

Moi, je n’ai pas su.

+2

Cette année, j’ai réalisé que j’avais dépassé de deux ans sont âge éternel.

J’en ai conçu l’étrange sensation de m’aventurer sur un terrain à conquérir, un pays dont elle n’a pu connaître que le contour, le franchissement de la ligne impalpable d’une sorte de frontière.


« Halte, on ne passe pas ! »


Je suis passée !

A mon grand étonnement, j’ai passé ce cap que je craignais de doubler dans une tempête que m’aurait réservé la vie.

Je suis passée même si j’ai l’impression vertigineuse qu’il n’y aura pas de filet, dorénavant.