Le mal de Mère (#4)

Publié le 20 décembre 2009 par Sandy458

Coupable ?

J’ai longtemps détesté rester seule chez moi, persuadée que les spectres de ma vie allaient venir me surprendre. J’imaginais qu’ils fouillaient la maison de fond en comble, tentant par tous les moyens de s’ancrer dans le monde des vivants et de m’entraîner dans leur non-univers.

Je me sentais coupable.

Car je savais depuis longtemps.

Je savais, au début inconsciemment, puis comme une évidence aussi implacable que le besoin de respirer que le seul dénouement possible à ce mal qui la rongeait serait une séparation sans appel et définitive.

Paix pour certains, tourments infinis pour d’autres.

Malgré les précautions prises par les adultes pour éluder mes franches interrogations ou masquer la criante réalité, j’étais déjà parvenue à la conclusion ultime en suivant le fil imparable de mes déductions :

-          soit une maladie évolutive, neurodégénérative, « orpheline » comme on dit pudiquement de nos jours car pas assez attractive financièrement pour allécher la Recherche. Cette maladie vous prive graduellement de vos forces, de vos muscles, vous clouant sur un fauteuil roulant puis dans une immobilité quasi-totale.

Résultat ? Quelle option d’avenir ?

Je savais mais je ne disais rien préférant conforter (et réconforter) les adultes dans l’efficacité de leur stratégie de contournement de la vérité. Protéger ceux qui voulaient me protéger en quelque sorte…

Dans les situations graves, les adultes sous-estiment souvent la force des plus jeunes.

Ils provoquent des angoisses bien plus destructrices en dissimulant la réalité qu’en l’exposant posément et sans détour.