J’hésite. Assis sur le petit promontoire je regarde les touristes qui se prennent en photos. Pourquoi vouloir fixer l’instant sur des clichés trompeurs ? Moi ma tête tourne, tourne et tourne ; je ne vois que le vide, je suis l’instant happé par le vide, je suis le vide.
13 h 30, ils sont tous partis, c’est l’heure où les hommes s’attablent aux terrasses des cafés et nourrissent le vide de leur âme de bavardages futiles. Si je saute, c’est maintenant. Est-ce que je serai le premier à sauter d’ici ? Le premier à m’envoler de la Basilique pour atteindre l’éternité ? N’y a-t-il pas quelque chose de beau à être le premier à faire un geste extrême ? Quand je m’écraserai au sol les touristes presseront leur anonyme compassion autour de mon corps désarticulé. Je serai la piqûre de la mort qui les rappelle à la vie… j’aurai fait œuvre de charité.
PS : photo de C.V. prise à Venise en 2005