Ereintée par une dure journée de labeur, je me traîne comme un escargot namurois vers l'arrêt de bus. Je monte, tel un zombie famélique, dans le bus lorsque celui-ci daigner arriver, et je me laisse transporter jusqu'au lieu de ma correspondance.
A l'arrivée, ô miracle, ma correspondance est là. D'habitude, je repère le second bus, mais le temps de descendre du premier et de courir élégamment (gloups) pour l'attraper au vol, pffff, il a disparu. C'est toujours la même rengaine. Si je suis en retard, il est déjà parti. Si je suis en avance, il est en retard et je poireaute un quart d'heure.
Mais ce jour là est miraculeux. Ce jour là, mon second bus est là. Il m'attend. Je descends du premier. Il m'attend. Je traverse la bande de droite. Il m'attend. Je traverse la bande de gauche. Il m'attend. Pour la petite histoire, à la gare de Namur, ils ont mis un « îlot » pour piétons entre les deux double bandes de circulation. Avec des feux. Non synchronisés, tant qu'à faire. Histoire de faire rager les pauvres piétons. De les faire poireauter tant que faire se peut sur ce minuscule îlot aussi dangereux que les abords du circuit de Francorchamps lors du grand prix. Soit.
Après avoir traversé, j'accélère le pas jusqu'au bus, histoire qu'il ne démarre pas au moment même où je l'atteins, ce qui m'arrive, bien entendu très souvent.
C'est vraiment mon jour de chance. Je monte dans le bus, et me mets à rêvasser à ma future soirée pantoufles/TV/série débile.
Je ne rêvasse qu'à moitié, car le chauffeur fait subir un interrogatoire à une pauvre dame qui a perdu son abonnement et n'a pas d'argent pour payer un ticket. Il l'avertit qu'il va remplir un papier provisoire et qu'elle ira s'acquitter de sa dette ensuite.
Le bus démarre. Mais... Mais... le chauffeur ne prend pas la bonne direction.
Je comprends immédiatement : il se rend à la gare des bus, histoire de remplir le fameux papier provisoire. Fichtre, que de temps perdu.
Qu'importe, je suis planquée au chaud, je saisis mon livre et je me laisse bercer par le ronron du moteur.
Mais... Mais... le bus n'entre pas dans la gare des bus. Il poursuit sa route et part... en direction de mon bureau. Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaargh. Sacrilège. Me voilà repartie vers boss chéri, si c'est pas malheureux.
Histoire de garder bonne contenance, je feins l'indifférence totale, je sonne et je descends au prochain arrêt
Je cours ensuite comme une folle afin de retourner au point de départ, où m'attend mon petit bus chéri que j'aime et qui me reconduira chez moi.
Ce jour-là était tout compte fait miraculeux.
Blonde !