Les Noces de Cana

Publié le 21 décembre 2009 par Stéphan

Il y a 1979 ans, se déroulait un mariage fastueux dans la petite ville de Cana, au sud Liban. Un ravissant jeune homme épousait une fille belle comme le printemps. Sur de grandes tables s’étalaient cruches de vin, plats de viande, de cochonailles, de poissons, de fruits, de déserts…  Autour les invités, chantaient, riaient, dansaient. Une folle ambiance régnait.
Entre Jean qui, un jour deviendra un saint célèbre. Tout le monde le reconnait et on l’embrasse, on l’applaudit.

- Hey Jean tu veux un peu de roti, tu veux un peu de vin ?

Chacun lève son verre, on boit à la santé de la mariée qui pleure de bonheur, la mère pleure, tout le monde pleure…
En bout de table, Jésus coupe un morceau de pain pour saucer son assiette quand Luc l’interpelle : eh Jésus, fais un miracle je tends prie, fais les cesser de pleurer ou on va finir noyer comme au temps du déluge !!!
Et tous de partir dans un immense éclat de rire !

Tout à coup l’échanson s’approche de la Madonne et lui glisse discrètement:
- Je suis désolé de vous déranger chère Madonne mais il nous arrive un terrible malheur et vous seule pouvez nous sortir de ce désastre. Nous n’avons plus de vin au milieu de la fête. C’est une catastrophe.
- Quel malheur, vous n’en avez pas prévu assez ? Mais c’est idiot !
- Pas assez ? Un tonneau bon pour 3 noces au moins Madonne. Mais ces gens là ne boivent pas, ils tétent. Regardez les se baffrer tels des pourceaux !
- Ecoutez, moi je ne peux pas faire grand chose pour vous mais allez trouver mon fils car c’est lui qui s’y connait en vin.

L’échanson va voir Jésus et lui dit:
- Navré de vous importuner Messire mais c’est votre maman qui m’a dit de venir vous trouver afin que nous sortiez de ce désastre qui fait que nous n’avons plus de vin au milieu de la fête.
- Ah mince c’est ballot ! Et vous en voulez d’autres, demande Jésus. Vous avez de l’eau ?
- Heu oui, nous en avons 6 jarres pleines mais ce n’est assurément pas de l’eau bonne à boire car comme vous le savez nous autres nous aimons bien nous trempatouiller pour nous purifier quand nous arrivons dans une demeure surtout quand il y a une fête on se lave pas seulement les mains mais aussi les pieds parce que les pieds propres rafraichissent l’âme et nous permet de nous élever…
- Oui oui c’est bon j’ai compris. Apportez quand même les jarres qu’on fasse du vin
- Vous voudriez faire du vin avec l’eau des pieds, trouble comme elle est ?
- Ben oui, pourquoi, vous y voyez un inconvénient ? Excusez-moi mais quand vous écraser du raisin pour faire du vin vous l’écrasez avec quoi ? Avec vos pieds non ? Alors, pieds avant ou pieds après c’est du pareil au même !

L’échanson apporte les 6 jarres pleines devant Jésus puis le Messie tend une main tire sur chacun de ses doigts, il en lève 3 (les 2 autres restant collés à la paume de sa main) et il se met à faire des signes au dessus de l’eau que personne ne comprend  – car il fait des signes de croix mais à ce moment il n’avait pas encore été crucifié. L’eau se met à bouillir, à gargouiller, elle devient toute rouge, les gens tremblent d’impatience.

Enfin Jésus donne le signal et aussitôt qui avec son écuelle, qui avec sa louche, chacun porte son récipient à ses lèvres.

- Mon Dieu quel vin, ohlala ce nez de petits fruits rouges (framboise, fraise), il est fruité et gouleyant, avec une telle harmonie ! Ah Jésus tu nous as fabriqué une année somptueuse, c’est un nectar. Il dégouline suavement jusque dans l’estomac, hip ! et il remonte avec un petit hoquet, blurp ! et un petit rot qui le fait ressortir par les narines…
Il se dégage un parfum dans l’air…  Ah Dieu, mais quel parfum ! Ah Dieu quel vin ! Jésus bravo, tu es divin !

librement inspiré par Dario Fo

Voici la version originale :
Evangile selon Saint Jean, 2,1-11
Le troisième jour, il y eut une noce à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi fut invité à la noce ainsi que ses disciples. Le vin venant à manquer, la mère de Jésus lui dit «Ils n’ont pas de vin». Jésus lui dit «Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore venue». Sa mère dit aux serviteurs : «Faites ce qu’il vous dira».
Or il y avait là six jarres de pierre, pour les purifications des Juifs, contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus dit aux serviteurs : «Remplissez d’eau ces jarres». Ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : «Puisez maintenant et portez-en au maître d’hôtel». Ils lui en portèrent. Quand le maître d’hôtel eut goûté l’eau devenue du vin – il en ignorait la provenance, mais les serveurs la savaient, eux qui avait puisé l’eau – il appelle le marié et lui dit : «Tout le monde sert d’abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, alors le moins bon ; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent».
«Tel fut le commencement des signes de Jésus ; c’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui».