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L’Enseignement supérieur prochaine cible des investisseurs ?

Publié le 15 septembre 2009 par Etxe

La situation française en matière d’enseignement privé est relativement paradoxale. Alors que nous sommes une des seules Républiques laïques du monde, le seul enseignement privé qui s’y développe est l’enseignement privé confessionnel. Là où le secondaire espagnol voit cohabiter établissements publics, privés confessionnels, privés étrangers et privés non confessionnels, la France est plutôt en situation de duopole : public et privé confessionnel (essentiellement catholique).

La situation de l’enseignement supérieur est un peu différente : aux établissements publics et confessionnels, viennent s’ajouter des établissements consulaires (statut public et financement essentiellement privé) et des établissements privés non confessionnels.
Mais ces derniers restent encore marginaux, et sont souvent pilotés par des structures associatives issues des milieux consulaires. Très rares sont les établissements d’enseignement supérieur administrés par de vrais entreprises privées.

On les trouve essentiellement dans des formations techniques (optique, design, TIC, etc.) ou commerciales (groupe INSEEC, groupe IONIS).
Dans ce contexte, l’initiative du fonds britannique Engelfield (www.engelfieldcapital.com) est intéressante. Doté d’une puissance de feu de 2 milliards d’Euros, il investit dans deux directions, jusque là peu empruntées : l’enseignement secondaire privé non confessionnel en Grande Bretagne (réseau Cognita) et l’enseignement supérieur à la gestion en France, via sa filiale Eductis.

Eductis vient de se porter acquéreur en moins d’un an de l’école supérieure de commerce parisienne ESG-PGSM (récemment admise au sein de la Conférence des Grandes Ecoles) et le réseau d’écoles bac+2 / bac+4 ESARC (Bordeaux, Toulouse, Montpellier et Aix). Un investissement à même de bousculer le paysage français.

Les deux groupes privés leaders jusque là (écoles INSEEC, présentes à Paris, Bordeaux et Lyon ; groupe IONIS, qui pilote le réseau ISEG, ISG, EPITECH, ESME SUDRIA, etc.) n’ont qu’à bien se tenir, puisqu’elles se retrouvent avec un concurrent ambitieux et aux moyens financiers conséquents. De même, les fragiles réseaux consulaires (EGC, Bac+3) ont tout à craindre de réseaux nationaux susceptibles d’apporter aux familles la garantie d’une marque et d’une pédagogie nationales.

Quant aux ESC, confrontées à des problématiques stratégiques et de haut de bilan (taille critique, statut juridique, financement du développement, etc.), elles feraient bien de garder un œil sur ces nouveaux business models qui apparaissent : ces «nouvelles» écoles trouvent en effet les fonds pour se développer auprès de leurs actionnaires, tout simplement, comme la plupart des entreprises du monde, elles n’ont pas à assumer des cadres réglementaires rigides (fonction publique ou statut des CCI) et elles parient plus sur la valeur de la marque (en se dotant de moyens de communication performants) que sur les accréditations officielles ou internationales qui font de plus en plus l’objet de contestations au sein même « du système » (l’académisme risquant de prendre le pas sur le professionnalisme de ces écoles).


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