Flannery ou le feu de Dieu

Publié le 22 décembre 2009 par Jlk

Lecture intégrale de Flannery O’Connor.Traversée des Oeuvres, publiées en un volume dans la collection Quarto, chez Gallimard, avec une préface de Guy Goffette.

Préambule. - C’est dans le métro de Paris, en mai 1974, que j’entendis parler pour la première fois de Flannery O’Connor par mes amis Claude Clergé et Pierre Gripari. Celui-ci, athée déclaré, disait les livres de cette catholique extrême traversée par le « feu de Dieu ». Or je ne vois pas, trente-cinq ans plus tard, de meilleure formule pour définir l’art de cette prodigieuse nouvelliste, qu’on pourrait sit uer entre Faulkner et Bernanos, d’une intensité d’observation, de percepotion et d’expression reliant illico la terre et le ciel comme les bornes d’une pile cosmique, sans cesser jamais de se montrer d’une attention extrême à la créature humaine, le plus souvent la pire selon nos critères, avec un mélange d’humour et de cruauté, une force expressive et une profondeur de vue, enfin un incomparable regard sur le détail des choses et des êtres, vus sans une once de sentimentalité mais avec un amour total.

 La Puissance et la grâce

Préface de Guy Goffette

- Que c’est un titre qui l’a happé pour commencer : Les Braves gens ne courent pas les rues.

- Qu’il a avalé ce livre après avoir achevé sa corvée de bois de gamin, vite faite.

- La voix et le monde de Flannery l’ont marqué illico, en son adolescence.

- Ses personnages lui ont parlé comme s’il les connaissait déjà.

- « Rien que des malades, des idiots, des lâches, des sans-cœur comme autour de moi, au village et dans les champs. Différents pourtant, avec une démesure, une outrance dans la parole et le geste qui me donnaient envie de crier ».

- Il a cru d’abord que cette humanité était propre aux Etats-Unis.

- Puis il a compris que le mal était universel.

- Tous ces désaxés du cœur, du corps et de l’esprit courent les villes et les campagnes de partout, et qui peut se targuer, qui, de n’en pas avoir un petit grain caché dans ses poches ? »

- Dès sa première approche, GG est frappé par la puissance révélatrice des personnages de Flannery.

- Figures du Sud profond.

- Rappelle la présence lancinante de la maladie dans sa vie, et la façon qu’elle a de la sublimer.

- Jamais elle ne pactisera avec le Mal, dont elle observe cependant les menées avec une sorte de passion joyeuse…

- « Séparé de Dieu, l’homme marche à la mort sans savoir pourquoi et les théories qu’il s’invente ne le consolent ni ne le justifient ».

- Flannery ne juge pas ceux qu’elle observe implacablement. Elle laisse toujours sa chance à une ultime grâce…

- Chaque être porte sa croix et sa part de mystère.

- Elle s’adresse à tous sans considérations de confessions parce que « rien ne fait se lever les yeux comme la chute de l’homme ».

- La joie de vivre de Flannery est plus forte que ses plus noirs constats.

- Gg Note qu’il a lu et relu Les braves gens 12 fois, et coché ses lectures comme autant de crans sur la crosse d’un revolver…

- « Je n’en suis toujours pas revenu »…

        Sa vie, son œuvre

- Née le 25 mars 1925 à Savannah.

- Fille unique de Regina Cline et d’Edward Francis O’Connor.

- Des Irlandais du Sud, descendants d’émigrants, cathos fervents.

- Le père d’abord lieutenant d’infanterie, puis entrepreneur.

- Petite fille elle passe ses étés à Milledgeville. Nombreuses famille. Douée pour le dessin et la poésie.

- Très forte relation avec son père.

- Passionnée par la volaille.

- Enseigne la marche arrière à un poulet.

- Filmé par le PathéJournal…

- Pet ite fille très volontaire.

- Prête à « couper des têtes ».

- On la retrouvera dans plusieurs nouvelles, dont Vue sur les bois et Les Temples du St Esprit.

- Son père subit les effets de la crise.

- À l’école des sœurs, les anges la rebutent, surtout son ange gardien qu’elle rêve de mettre K.O.

- Sa lecture préférée est celle des Contes comiques d’Edgar Poe.

- Son père, écrivain empêché, souffre d’un lupus inguérissable.

- Il meurt en 1941, elle a seize ans.

- Elle a commencé à réaliser des bandes dessinées.

- Elle écrit dans Corinthian, la revue de l’université.

- Sera rédactrice en chef en 1945.

- Se dit intégrationniste depuis qu’elle a entendu un chef de train injurier des noirs.

- Son catholicisme ardent la distingue des autres étudiants et des écrivains qu’elle fréquente en ateliers.

- Adopte les thèses de la Nouvelle Critique, qui font retour au texte contre les approches politico-sociologiques.

- Elle lit beaucoup, appréciant surtout Conrad et Henry James.

- En 1946 paraît sa première nouvelle en revue, Le Géranium.

- En décembre elle entreprend la composition de son premier roman.

- En 1947, sa mère hérite de la propriété familiale d’Andalusia.

- Participe à de nombreux ateliers d’écriture et sollicite un agent littéraire.

- Dit qu’elle doit écrire pour savoir ce qu’elle fait…

- L’éditeur Robert Giroux pressent déjà un grand écrivain.

- Elle pratique le work in progress avec constance et intensité.

- Atteinte elle aussi du lupus érythémateux, elle subit une première opération en 1951.

- Elle achève Wise Blood en 1951 et l’envoie à Giroux.

- Evelyn Waugh en est très impressionné.

- L’accueil du livre est en revanche moyen.

- Mal compris même quand il est loué.

- Elle continue d’écrire un tas de nouvelles.

- Dont Robert Giroux raffole.

- Elle-même les adore !

- En 1952, le traducteur de Faulkner, Maurice-Edgar Coindreau, s’intéresse à Wise Blood, qu’il traduire.

- Cela accentue l’intérêt des Américains.

- Elle enchaîne trois recueils de nouvelles et un nouveau roman.

- Sa renommée s’accroît.

- Son état de santé ne cesse de se détériorer.

- En juillet 1964, elle est consciente de vivre ses derniers jours.

- Elle écrit à une amie : « Cette sauterelle en cage que vous m’avez donnée me fait tant penser aux pauvres gens de couleur enfermés en prison que je l’ai délivrée pour la donner à manger à un canard. Je suis sûre que vous comprenez »…

- Elle meurt le 3 août 1964. Repose auprès de son père, au cimetière de Milledgeville.

Prochaine volée de notes : La Sagesse dans le Sang, 1952.