La Catalogne est un con
La Catalogne est une région et la Catalogne est un con. Ou plutôt la Catalogne est une province espagnole et la Catalogne est un con. La Catalogne est un con parce qu'à l'heure où l'Europe se construit avec ses diversités et ses différences, la Catalogne prétend nier une de ses spécificités, appartenant, qu'on le veuille ou non, à son identité. La Catalogne s'apprête en effet à voter l'interdiction des corridas. La Catalogne est un con parce que ce vote et son enjeu sont d'abord liés à une lutte de pouvoir, d'influences. Chacun veut, dans cette histoire, quitte à abandonner des pans d'une culture fondamentale, sinon fondatrice, affirmer une différence par rapport à l'autre. ( Comme si le Nord abandonnait ses géants, la Bretagne ses bignous et les fest noz, Strasbourg, Saint Nicolas, et Lourdes Bernadette Soubirous, etc etc). L'autre est cette Espagne honnie, reniée, refusée, détestée, et accusée de tous les franquismes, de tous les maux, de toutes les Andalousie, et de tous les travers d'une Europe ordinaire et triviale... Ici, on ne se mélange pas à la piétaille... « Regardez nous », semble dire la prétentieuse Catalogne tout entière, et, on voudrait nous le faire croire, d'un seul homme, « dans ce monde de sauvagerie (ouille ouille, ouille), nous allons balayer devant les portes de nos ruedos abandonnés, ou transformés en centres commerciaux parce que L'argent n'a pas d'odeur ! en tout cas il n'aura pas l'odeur du sang des toros. »
Cette interdiction des corridas, ou d'autres choses à venir, d'ailleurs, et ailleurs, sur le territoire de la province autonome, s'appuierait sur l'existence d'une nouvelle morale du XXI eme siècle. Une morale de la propreté et de la bonne conscience... Une morale, en quelque sorte, pour animaux de la bonne compagnie que nous sommes ! il n'y a pas de raison que tout le monde, animal, n'en profite pas, bien sur. Égalité et fraternité pour nos chiens et pour nos chats, et autres poissons rouges... (non, pas les poissons rouges ?) Et d'ailleurs on notera, et ce n'est pas pour rien, qu'en 20 ans, la population canine (et les déjections sur les trottoirs) de la capitale catalane, se soit spectaculairement développée.... Pour être devenu au XXI eme siècle, un fléau urbain, pour le marcheur des villes, mais ça aussi c'est une autre histoire, quoique ?
Donc cette magnifique et tyrannique morale qui, voulant protéger les animaux, permet par ailleurs à des humains de dormir sur ses trottoirs alors que le thermomètre est en dessous de zéro, pendant que nos voitures dorment à l'abri des intempéries et nos chiens sous des couettes. Une morale pour le bien des animaux... qui permet à des enfants de travailler, il est vrai dans des contrées inatteignables et hors de notre vue, aux montages de chaussures et de survêtements de sport que l'on trouvera dans d'honorables boutiques qui ont pignon sur Ramblas, sans qu'aucune menace d'interdictions ne soit brandie à quiconque. Une morale qui trouve normal par ailleurs qu'un footballeur, qu'un acteur, un rentier ou un spéculateur gagne par mois, ce qu'un smicard gagne en 30 ans... que l'on dépense plus d'argent pour se fourbir d'armes fatales, que pour éduquer les enfants, que dans un pays voisin, le taux de mortalité infantile soit quasiment de 37 pour mille alors qu'il n'est que de 4 pour mille en Espagne ( comme en France) et que pour le coup, il suffirait d'interdire aux compagnies (qui ont là aussi pignon sur Ramblas) qui distribuent la flotte dans ce pays, de le faire n'importe comment, au mépris des règles les plus élémentaires de l'hygiène...
Donc Une morale pour les bêtes à qui nous prêterions les mêmes droits qu'aux humains... sans qu'il soit choquant qu'on ne pose pas la question des devoirs, et pour cause... d'ailleurs, à ce sujet, au cours de la dernière discussion que j'ai eue avec mon chien, il a été question de cette histoire de toro. Il m'a surpris, lui, qu'en tant qu'animal, je pensais solidaire de cette cause dites animale, justement. Il m'a en effet affirmé, avec une espèce de jubilation désinvolte, teintée d'un cynisme presque souriant, (si si les animaux sont capables de toutes les nuances... non, non, je vous assure je ne projette pas ) que si l'occasion lui en était donnée, il n'irait pas voter... qu'il s'en foutait de la « souffrance » du toro. Parce qu'il pensait que si le toro brave s'était laissé domestiquer, comme ses congénères canins à lui, aujourd'hui il tirerait des charrettes, ferait tourner des moulins ou labourerait des terres et nous n'en parlerions plus. Il estime que si le toro est un animal responsable comme les autres, il aurait du prendre ses responsabilités, en temps et en heure. Au lieu de ça, pour avoir fait le malin et refusé la collaboration avec les hommes, maintenant, pour un oui pour un non, ou plutôt sans raison apparente, il ne pense qu'à charger, et à recharger, sans cesse, tout ce qui porte figure humaine, avec l'intention de nuire et de faire le mal. Mon chien, qui a lui même un sens de ces droits et de ses devoirs, n'en a donc rien à faire de l'irresponsabilité du toro... et affirme que le toro n'a que ce qu'il mérite... Mais, il faut dire aussi que mon chien est un con,mais c'est une autre histoire...
Donc pour en revenir à cette histoire de vote catalan, on peut dire qu'il est en partie dicté par cette morale teintée d'anthropomorphisme rassurant et de courte vue. Une morale qui guide donc le monde catalan et malheureusement toutes les bonnes âmes responsables, et "bien pensantes" qui savent que Bambi à exister, qu'il est un gentil paon, qu'il parle, qu'il pleure et qu'il pense... Alors que le vilain monsieur qui dort dehors, qu'est sal, qui pue, qu'à trop bu et qui en plus l'insulte, n'a que ce qu'il mérite et que, comme mon gentil chien, on s'en fout et, a chacun sa merde. Chacun sa merde, c'est ce que paradoxalement semble prôner cette morale du XXI eme siècle ! mais ça c'est une autre histoire... justement...vous mélangez tout, mon amie...et en revenant à nos gentils moutons et nos bons toros, la Catalogne est un con parce qu'elle entérine le fait que c'est une autre histoire, justement. Elle entérine, au nom d'une modernité qui n'en a que le nom, et pas la morale, qu'il y aurait des causes perdues d'avance pour l'humanité, une fatalité en quelque sorte, et des causes nobles et urgentes pour les « pauvres » toros...
La Catalogne est un con parce qu'elle cautionne, par sa décision une morale de l'émotion et du sentimentalisme disneylandien, déplacée et indécente, dans un monde par ailleurs à feu et à sang, injuste avec ses humains mal nés, ou déplacés, ignoble avec ses sans grades usés et, barbare avec les crétins ordinaires que nous risquons tous d'être un jour... Parce que nous serons trop occupés à choyer nos animaux, et à ne pas voir les vrais et justes combats à mener pour construire un monde vraiment meilleur pour tous.