Autour de lui, une à une, les personnes se sont levées. En silence, elles se sont écartées de lui. Etait-il une si mauvaise fréquentation ? Ceux qui montaient, intéressés de prime abord par toutes ces places libres, se précipitaient. Mais, quelques instants plus tard, comme les autres ils se levaient, préférant le voyage debout, à l’écard de cet homme pourtant silencieux.
Sa tête avait glissé très bas. Son buste, presque cassé en deux, le faisait ressembler à un Atlas urbain supportant je ne sais quel malheur, lourd et volumineux. Dans le fracas du métro, on n’entendait pourtant pas un souffle, pas une plainte de protestation.
Une quinzaine de minutes plus tard, mû par un mystérieux ressort qui avait dû lui indiquer qu’il était arrivé à destination, l’inconnu s’est réveillé. Il n’a pas eu un regard pour la place nette autour de lui. Tout le monde s’est poussé pour le laisser descendre, en silence. C’était sa façon à lui de vivre en ermite, dans une tour d’ivoire sans que personne, jamais, ne songe à l’importuner. C’était sa vengeance, sa terrible contrepartie sur une société qui l’avait rejetée : il ne se lavait pas.