Nous avons jugé bon de changer le titre de cet article paru dans le quotidien Le Matin diffusé en Haiti parce que nous pensons que le role d'un ministère de la culture ou de toute autre institution culturelle dans le pays n'est pas de faire le service après vente des éditions étrangères qu'elle soit canadienne,française,américaine,chinoise ou je ne sais quoi d'autre.
Voir l'article original sur le site de : www.lematinhaiti.com
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En partenariat avec l’ambassade de France, la Fondation pour le développement des Alliances françaises d’Haïti (FDAFD), l’Institut français d’Haïti (IFH), le ministère de la Culture et de la Communication (MCC) programme toute une série d’activités itinérantes en l’honneur du Prix Médicis 2009, à savoir « L’énigme du retour » de Dany Laferrière – meilleur roman (sur 600 romans en lice) de langue française pour l’année 2009, selon le Magazine Lire –. Cette série, devant prendre fin le mardi 8 décembre prochain à la Bibliothèque de Petit-Goâve, a été lancée dans la soirée du mercredi 2.
Trois heures de l’après-midi, mercredi 2 décembre 2009, la cour du ministère de la Culture et de la Communication grouille de monde et d’activités diverses ! De petits groupes, se formant de part et d’autre, les liens se font et se consolident entre collègues, confrères, amis et alliés. Pour compléter ce décor déjà bien planté, ça et là, des artistes et peintres sont à pied d’œuvre.
Dans la foulée, si les mousquetaires de Loray : Walner O. Régistre « Doc-Wor » (chef de file), Kévens Prévaris et Larochelle Josenti, dessinent une fresque à même une muraille d’isorel, l’artiste, peintre et dessinateur Thierry E. Barthole reproduit, à mains levées et avec une fidélité étonnante et qui force l’admiration, des photos de Dany Laferrière. D’un autre côté, quand ce n’est pas sur certaines parties du corps, des motifs divers étaient peints sur des costumes portés par des comédiens postés en des points stratégiques.
Quelques toiles peintes par les mousquetaires de Loray et « Carrefour P » de Dominique Domerçant – peinte en Iran lors du festival des Jeux de la Francophonie 2009 – sont exposées. Tout indique et augure que là aura, sous peu, lieu un événement d’importance. Comme il s’agit de créer une ambiance artistique diverse et riche, aux entrées nord et sud dudit ministère, deux groupes troubadour s’en donnaient à cœur joie en attendant la cérémonie officielle.
Plus la foule « faisait foule», plus les groupuscules s’étaient révélés variés. Certains, discutant de littérature, déplorent l’injustice faite à la poésie. Selon eux, répondant aux cœurs des profondeurs car échos sonores de l’âme intime des choses, la poésie – est-ce un véritable genre littéraire ? – demeure victime de préjugés multiples.
Soudainement, comme si quelqu’un venait de crier «sauve-qui-peut », les gens se ruent vers l’entrée (principale) sud du MCC. C’est Dany Lafferière qui s’amène ! D’un air candide et naturel, le terrible et/ou authentique enfant prodigue d’Haïti revient au bercail recevoir les hommages et honneurs que les siens entendent accorder à L’énigme du retour. Les journalistes-photographes se mettent en branle et mitraille le Prix Médicis 2009.
Visitant les lieux, bras dessus, bras dessous, avec la ministre de la Culture et de la Communication, en l’occurrence Marie-Laurence Jocelyn Lassègue, Dany Laferrière pose pour les journalistes, signe des autographes, serre des mains, sourit, salue, embrasse !
D’ailleurs, c’est cela même la matière créatrice de L’énigme du retour : la chaleur humaine et l’émotif. Et, dit l’auteur lui-même, c’est à cela que L’énigme du retour doit le Prix Médicis 2009 et celui du meilleur roman de langue française 2009, selon le Magazine Lire (dixit la ministre Lassègue).
Brève, mais conviviale
La cérémonie proprement dite était certes brève, mais conviviale et chaleureuse, comme la fulgurante chanson « Dans l’eau de la claire fontaine » de Georges Brassens. Maîtresse de cérémonie, c’est l’écrivain Emilie Prophète, elle-même lauréate 2009 du Prix ADELF –Association des ecrivains de langue française – et directrice générale de la Direction nationale du livre (DNL), qui avait l’honneur d’ouvrir la cérémonie. Abondant dans le même sens que Prophète, Marie-Laurence Jocelyn Lassègue en profitera pour remercier et honorer – au nom du peuple et du gouvernement haïtiens – tous les artistes et écrivains présents et absents, notamment les lauréats de cette année et de l’année dernière.
Chacune à son tour, elles ont, reprenant les propos de la presse locale, parlé de grande moisson littéraire pour l’année 2009. Selon les propos concordants de la ministre de la Culture et de la Communication et de la directrice de la DNL, « la littérature haïtienne a moissonné pas moins de 13 prix et distinctions pour l’année 2009 », allusion faite à tous les lauréats de l’année 2009.
À lui seul, Dany Laferrière en a raflé quatre, dont le Prix Médicis. Tout de suite après lui vient la romancière Yanick Lahens avec un palmarès de trois prix dont celui de RFO. Bien qu’il ait été l’invité d’honneur de la soirée, Dany Laferrière avait lui-même rendu hommage aux autres lauréats 2009 en lisant des extraits de leur texte respectif. Citons, entre autres, Lyonel Trouillot (Yanvalou pour Charlie, Prix Wepler), Yanick Lahens, (La couleur de l’aube, Prix RFO), Émilie Prophète (Le testament des solitudes, Prix ADELF). Dany Laferière déclare que L’énigme du retour est un roman écrit sur l’émotif. Selon lui, c’est probablement cela qui émeut les lecteurs. Pour illustrer ses propos, Laferrière a raconté l’anecdote deux femmes qu’il avait remarquées, bras dessus, bras dessous, en venant au ministère. Il a qualifié cette séquence, pleine de chaleur humaine, d’un moment d’éternité. Du reste, ajouta-t-il, ce Prix Médicis mérite d « être anonyme, entendu qu’il n’appartient à personne en propre, mais à l’émotif, à toute la chaleur humaine, au sourire généreux et à la puissance d’exister de tout un peuple ».
Côtés musical et artistique, tour à tour, les chanteuses Lody Auguste et Rénette Désir ont interprété « Exil » d’Emmanuel dit « Manno » Charlemagne puis, « Tolatito » de Martha Jean-Claude. Le groupe Les frères Valcourt s’était également produit en la circonstance. Les comédiens Daniel Marcelin et Vladimir (sic.) ont lu des extraits de Vers le Sud, L’énigme du retour et La chair du Maître de Dany Laférière.
De ses mains propres, la ministre a remis une sculpture, inspirée de l’imaginaire local (imaginaire que la ministre avait qualifié « d’imaginaire fructueux dépositaire d’œuvres d’intenses envergures expressives »), à Dany Laferrière. Se rappelant qu’elle avait été elle-même professeure de littérature, Marie Laurence Jocelyn Lassègue a lu des extrais de L’énigme du retour en présence de tous les écrivains – notamment les lauréats 2209 –, artistes, officiels du gouvernement et diplomates qui ont honoré la soirée par leur présence.
Cette soirée-hommage aura permis de comprendre que, parfois, il suffit juste d’un peu de volonté pour transformer n’importe quelle circonstance en un événement d’envergure.
Par Antoine-Hubert LouisYon gwo AYIBOBO pou ou men m zanmi m ki vizite lakou sa pou pwan nouvèl zanmi lakay ak lòt bò dlo.