Il n'y a que le premier pas qui coûte. C'est ce que j'entends dire souvent, et c'est bien vrai.
Le premier pas qui coûte pour avoir une discussion à coeur ouvert, reprendre le contact avec une personne chère mais on ne sait pas comment revenir vers elle, aller vers quelqu'un pour l'aider...
ce genre de choses ne sont pas forcément facile.
Mais il n'y a que le premier pas qui coûte.
Une fois la machine en route, c'est beaucoup plus facile.
C'est ce que je me suis dit quand ma collègue a évoqué le fait de proposer un café à un Sans-Abri qui erre dans le secteur où se situe notre entreprise. L'idée était bonne, mais elle avait peur
de se faire "refouler"...
J'ai donc pris sur moi de lui offrir le petit-déjeuner hier matin. Café et croissant/pain au chocolat.
On m'a fait remarquer que j'avais pris un risque : celui de me faire aborder plus souvent pour que ça recommence ou que je propose plus, voir que je me fasse agresser...
Le problème en fait, il est là : la peur.
Oui, j'ai eu peur en m'approchant de ce monsieur. Mais il n'en reste pas moins humain.
D'où vient cette peur d'abord ?
De l'inconnu ? Pas que... on discute bien sans avoir cette peur avec nos voisins de file d'attente si le contexte s'y prête ou avec nos voisins qu'on ne connaît pas forcément.
Ah mais ces gens là, "présentent bien".
C'est sûr ils ont encore le vernis.
Mais si on gratte un peu je ne suis pas sûre que la plupart d'entre nous valent plus que les gens qu'on peut croiser qui vivent dans la rue...
Notre société est mal fichue et ça me dégoûte... maintenant plus encore qu'avant, on croise des gens qui n'ont pas les moyens de se payer un appartement parce qu'ils ne présentent pas les
garanties nécessaires pour. Mais ils ont un travail. Mais ne sont pas assez bien pour un logement ?
C'est quoi cette société qui permet ça ?
Que l'on s'aide soi-même en premier je veux bien, mais quand la spirale infernale se déclanche et que personne ne veut faire ce premier geste, celui de tendre une main, alors quoi ? C'est fini,
il n'y a plus qu'à laisser tomber, vivre dans la rue, et surtout, se taire ?
Ce n'est pas juste.
Ce n'est pas normal.
Et après, forcément on a peur... peut être aussi parce que ce Sans-Abri, ce pourrait être moi ? Vous ? Alors l'image qu'il nous renvoie fait peur ?
Ma petite philosophie de vie, est très simple... pas forcément simple à appliquer par contre.
"Fait aux autres ce que tu aimerais bien qu'on fasse pour toi."
Quand je donne, je le fais de bon coeur. Sinon, je ne fais pas.
Je vais essayer de lui donner un repas chaud... mais je ne sais quoi faire d'autre pour cet homme. Je ne sais pas "comment" il en est arrivé là... je ne sais pas qui il est, ni d'où il vient.
Mais ça m'énerve encore plus quand on me dit "fais attention, tu ne sais pas, il est peut être malade"... ben peut être.
Si seulement on voulait bien tous se donner la main, et pas seulement pour les fêtes de fin d'année histoire de se donner bonne conscience... mais tout le temps, chacun à notre échelle.
Un café, un pain au chocolat, un sourire... c'est déjà mieux que "rien" non ?