Le point culminant de la quête, pour Perceval, alors qu’il accède à la vision du Graal, est d’oser prendre la parole et de « questionner », se
compromettre et compatir à la blessure du « Roi pêcheur ».
Questionner et, sans doute, se questionner, car la cérémonie du Graal le concerne, l’interroge … ! C’est toute le souffrance
humaine qui est au bout de la question ...
Mais, en début de quête, Perceval, est un personnage dont ma psyché s’accommode facilement: - ne pas poser de questions, ( c’est le conseil que lui donne Gornemant), - ne pas s’intéresser
aux autres ( Perceval, néglige sa mère, rudoie la demoiselle de la tante, néglige le roi Arthur et bien d’autres …).
Quelle bonne surprise de trouver sous la plume de Simone Weil, une évocation du Graal, lors même de la description de quelque chose qui lui tient à
cœur : l’attention.. !
« L’attention est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité.
Il est donné à très peu d’esprits de découvrir que les choses et les êtres existent.
Depuis mon enfance je ne désire pas autre chose que d’en avoir reçu avant de mourir la révélation complète. […]
Cette découverte fait en somme le sujet de l’histoire du Graal. Seul un être prédestiné a la capacité de demander à un autre : « Quel est donc ton tourment ? »
Et il ne l’a pas en entrant dans la vie. Il lui faut passer par des années de nuit obscure où il erre dans le malheur, loin de tout ce qu’il aime et avec le sentiment d’être maudit. Mais au bout
de tout cela il reçoit la capacité de poser une telle question, et du même coup la pierre de vie est à lui. Et il guérit la souffrance d’autrui. »
SIMONE WEIL et JOË BOUSQUET, Correspondance, Lausanne: L'Age d'Homme, "Le Bruit du temps", 1982, pp. 18-9.