Magazine Journal intime
N'espérez pas vous débarrasser des livres
Publié le 27 décembre 2009 par AraucariaVoilà un titre qui devait obligatoirement attirer mon attention, voire me parler. Les livres, je ne cherche pas à m'en débarrasser, bien au contraire je les accumule. Je sais que c'est pure folie, car je n'aurai jamais le temps de lire tous ceux qui s'entassent sur mes rayonnages. Mais je les regarde avec tendresse, les caresse parfois, en parcours quelques pages ou simplement la quatrième de couverture. J'ai besoin de cet univers, sorte de bouclier pacifiste contre l'adversité ou la solitude. Ils ont envahi une bonne partie de la maison; livres dans toutes les chambres, livres remplissant un des buffets de la salle à manger, livres de recettes dans la cuisine, livres anciens passés de mode ou trop usagés, amputés de leur couverture parfois, dans un placard de la chaufferie et enfin livres dans tous les sens déposés dans un désordre savamment ordonné dans mon atelier... Mon atelier, mon antre, ma caverne d'Ali-Arau, un lieu qui a le pouvoir de tenir mes visiteurs à distance... Mon mari jette juste un oeil prudent et avance à peine un orteil dans cette pièce déclarée mienne, sorte de "redoute" où je me défends à grands coups de feuillets imprimés et reliés et aussi de pelotes de fils à tricoter... Univers hostile pour beaucoup, asile pour l'ermite que je suis.
"N'espérez pas vous débarrasser des livres". J'ai rencontré ce livre il y a quelques semaines lors d'une lecture dans le noir dont je vous ai déjà parlée. J'ai été interpelée et séduite par certains extraits. Quelques jours plus tard, j'ai assisté à un conférence très intéressante, de Jean-Claude Carrière. Le livre je venais à peine de l'ouvrir. J'ai mis plus de temps à le lire que je l'aurais souhaité, parce que j'ai été assez occupée, parce que c'est un livre d'entretiens moins aisé à parcourir que peut l'être un roman, et surtout parce que j'ai eu un problème ophtalmique qui m'aura handicapée pendant une quinzaine de jours... Oh, pendant ce temps j'ai continué à lire... de mon seul oeil valide (oeil droit grand ouvert, oeil gauche gonflé et larmoyant derrière les verres de mes lunettes - beau tableau!) alors je fatiguais vite! Mais impossibilité psychique de renoncer à lire, c'est comme ça!
J'ai terminé ma lecture hier, passant d'agréables moments avec ce texte, m'instruisant et m'amusant aussi beaucoup parfois...
Aujourd'hui, je vais vous offrir le résumé de quatrième de couverture :
"Le gai savoir: rarement l'expression nietzschéenne se sera aussi bien appliquée qu'à ce livre... sur les livres! Du papyrus au fichier électronique, nous traversons cinq mille ans d'histoire du livre à travers une discussion à la fois érudite et humoristique, savante et subjective, dialectique et anecdotique, curieuse et goûteuse.
On y parcourt les temps et les lieux, les personnes réelles s'y mêlent aux personnages de fiction, on y fait l'éloge de la bêtise, on y analyse la passion du collectionneur, les raisons pour lesquelles telle époque engendre des chefs-d'oeuvre, la manière dont fonctionnent la mémoire et le classement d'une bibliothèque. On y explique pourquoi "les poules ont mis un siècle pour apprendre à ne pas traverser la route" ou comment "notre connaissance du passé est due à des crétins, des imbéciles ou des adversaires."
Bref, on s'y amuse de la "furia littéraire" de deux passionnéd qui nous entraînent dans leur folle farandole dont chaque tour surprend, distrait, enseigne. En ces temps d'obscurantisme galopant, c'est peut-être le plus bel hommage qui se puisse imaginer à la culture de l'esprit, et l'antidote le plus efficace au désenchantement."
Jean-Claude Carrière et Umberto Eco - N'espérez pas vous débarrasser des livres
Entretiens menés par Jean-Philippe de Tonnac - Grasset -